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La Roue du Temps, le roman de 1990Feu orange livre / BD

The Eye of the World (1990)
Traduction : les yeux du monde.
Re-titré à partir de novembre 1990 : Book One of The Wheel of Time (Livre un de la roue du temps)

Sorti aux USA en février 1990 chez TOR US.
Traduit en français par Arlette Rosenblum en février 1995 pour RIVAGES FR, premier roman coupé en deux volumes.
Réédité en poche en février 1997 sous le titre La roue du Temps 1: L'invasion des ténèbres chez POCKET FR, réédité en décembre 2000, mars 2003, 2006, juin 2007, janvier 2009.
Retraduit en français par Jean Claude Mallé en octobre 2018 chez BRAGELONNE FR, réédité en février 2020.

Horriblement "adapté" en The Wheel Of Time, série télévisée woke et toc de 2021.

De Robert Jordan.

(Fantasy, presse) Moiraine Damodred et son garde, Lan, arrivent au village d'Emond's Field avec la nouvelle que des serviteurs du Ténébreux sont à la recherche d'un jeune homme particulier vivant dans la région. Moiraine est incapable de déterminer lequel des trois hommes il s'agit : Rand al'Thor, Matrim Cauthon ou Perrin Aybara, et les emmène donc tous les trois hors des Deux Fleuves, avec leurs amis Egwene al'Vere et Nynaeve al'Meara, dont Moiraine a déterminé qu'ils pouvaient canaliser le Pouvoir Unique et apprendre à devenir Aes Sedai. Le premier roman décrit leur fuite devant divers agents de l'Ombre et leurs tentatives d'évasion vers la cité Aes Sedai de Tar Valon.

*

Traduction défectueuse car souvent fausse ou résumant au lieu de traduire et surtout coupant de nombreuses bribes de phrases, ce qui dénature le récit et prive le lecteur de précieux détails sur le pourquoi du comment et le fonction du monde. Il semble que la première traductrice ait reçu la consigne de couper dans le texte pour tenir le nombre de page commandé par Payot Rivage, qui déjà vendait le roman original à la découpe, c'est-à-dire facilement deux fois plus cher que pour le lecteur américain. J'aurais cru que le traducteur de Bragelonne aurait remédié à ce vandalisme, mais mon impression est qu'il n'est même pas revenu au texte original et a taillé encore dans la traduction précédente. Bien sûr, il pourrait aussi s'agir d'une traduction automatique retouchée vaguement par le traducteur officiel, comme apparemment cela se fait beaucoup en France à partir de 2010. J'avoue ne pas avoir le temps d'un relever les preuves, si c'était le cas.

Vérifiez par vous-même, le début du roman en version originale comme traduit se trouve facilement sur Internet en échantillon officiel légal. En 1995, les éditeurs français "populaires" qui ne se gênaient pas pour massacrer les textes originaux et présenter des textes coupés comme intégraux, vont encore plus loin en coupant les volumes originaux pour les revendre à la découpe au lecteur français de fantasy, et constatant que la marge est plus grande et que le volume occupé par l'édition grand format supprime la place sur les étagères pour la concurrence, ils vendent en grand format des romans américains sortis en poche aux USA : tout se passe comme au 19ème siècle les escrocs achetaient du lait pour le couper à l'eau et le revendre deux fois plus cher minimum.

Donc, les traductions défectueuses par-dessus le marché, c'est logique et ce n'est pas une nouveauté, c'était déjà largement le cas alors que la Science-fiction devient à la mode en France imitant le modèle de publication américain des années 1950, rappelez-vous des traductions des nouvelles du premier magazine Galaxie qui reprenait la maquette et les couvertures de Galaxy US, mais pas les couvertures qui correspondaient au sommaire. Cela arrivera aussi en poche où les couvertures originales d'un roman seront utilisées pour vendre un autre roman qui n'avait rien à voir.

Et bien entendu les autorités françaises, si soucieuses de faire monter au maximum le prix de livre laisseront faire. Et comme on pouvait le prévoir, les lecteurs dépensent de moins en moins, les libraires ferment, la FNAC diabolise Amazon et utilise ses pions au gouvernement et dans l'Union Européenne seulement pour prendre des parts de marchés à Amazon et faire fermer encore plus de librairies. Tandis que dans le même temps il est interdit de faire pratiquer la lecture à l'école parce que vous comprenez, l'élève pourrait avoir honte de ne pas pratiquer la lecture suffisamment pour pouvoir lire en classe à haute voix.

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Le texte original de Robert Jordan de 1990 pour TOR US.

WHEEL OF TIME 01 : THE EYE OF THE WORLD

PROLOGUE
Dragonmount


The palace still shook occasionally as the earth rumbled in memory, groaned as if it would deny what had happened. Bars of sunlight cast through rents in the walls made motes of dust glitter where they yet hung in the air. Scorch-marks marred the walls, the floors, the ceilings. Broad black smears crossed the blistered paints and gilt of once-bright murals, soot overlaying crumbling friezes of men and animals, which seemed to have attempted to walk before the madness grew quiet. The dead lay everywhere, men and women and children, struck down in attempted flight by the lightings that had flashed down every corridor, or seized by the fires that had stalked them, or sunken into stone of the palace, the stones that had flowed and sought, almost alive, before stillness came again. In odd counterpoint, colorful tapestries and paintings, masterworks all, hung undisturbed except where bulging walls had pushed them awry. Finely carved furnishings, inlaid with ivory and gold, stood untouched except where rippling floors had toppled them. The mind twisting had struck at the core, ignoring peripheral things.

Lews Therin Telamon wandered the palace, deftly keeping his balance when the earth heaved. "Ilyena! My love, where are you?" The edge of his pale gray cloak trailed through blood as he stepped across the body of a woman, her golden-haired beauty marred by the horror of her last moments, her still-open eyes frozen in disbelief. "Where are you, my wife? Where is everyone hiding?"

His eyes caught his own reflection in a mirror hanging askew from bubbled marble. His clothes had been regal once, in gray and scarlet and gold; now the finely-woven cloth, brought by merchants from across the WorldSea, was torn and dirty, thick with the same dust that covered his hair and skin. For a moment he fingered the symbol on his cloak, a circle half white and half black, the colors separated by a sinuous line. It meant something, that symbol. But the embroidered circle could not hold his attention long. He gazed at his own image with as much wonder. A tall man just into his middle years, handsome once, but now with hair already more white than brown and a face lined by strain and worry, dark eyes that had seen too much. Lews Therin began to chuckle, then threw back his head; his laughter echoed down the lifeless halls.

"Ilyena, my love! Come to me, my wife. You must see this."

Behind him the air rippled, shimmered, solidified into a man who looked around, his mouth twisting briefly with distaste. Not so tall as Lews Therin, he was clothed all in black, save for the snow-white lace at his throat and the silverwork on the turned-down tops of his thigh-high boots. He stepped carefully, handling his cloak fastidiously to avoid brushing the dead. The floor trembled with aftershocks, but his attention was fixed on the man staring into the mirror and. laughing.

"Lord of the Morning," he said, "I have come for you."

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La traduction au plus proche

LA ROUE DU TEMPS 01: LES YEUX DU MONDE

PROLOGUE : Montdragon

Le palais tremblait encore de temps en temps alors que la terre grondait de mémoire, gémissait comme si elle voulait nier ce qui s'était passé. Les rayons du soleil, projetés à travers les fissures des murs, faisaient scintiller les grains de poussière qui étaient encore dans l'air. Les murs, les sols et les plafonds étaient marqués par des marques de brûlure. De larges taches noires traversaient les peintures boursouflées et les dorures de peintures murales autrefois lumineuses, la suie recouvrant des frises effritées d'hommes et d'animaux, qui semblaient avoir tenté de marcher avant que la folie ne se calme. Les morts gisaient partout, hommes, femmes et enfants, terrassés dans leur tentative de fuite par les éclairs qui avaient jailli dans chaque couloir, ou saisis par les feux qui les avaient traqués, ou encore enfoncés dans les pierres du palais, ces pierres qui avaient coulé et cherché, presque vivantes, avant que le calme ne revienne. Dans un étrange contrepoint, des tapisseries et des peintures colorées, toutes des chefs-d'œuvre, étaient suspendues sans être dérangées, sauf aux endroits où les murs bombés les avaient déformées. Des meubles finement sculptés, incrustés d'ivoire et d'or, étaient intacts, sauf là où les sols ondulés les avaient renversés. La torsion de l'esprit avait frappé au cœur, ignorant les choses périphériques.

Lews Therin Telamon errait dans le palais, gardant habilement l'équilibre lorsque la terre se soulevait. "Ilyena ! Mon amour, où es-tu ?" Le bord de sa cape gris pâle traînait dans le sang alors qu'il enjambait le corps d'une femme, sa beauté aux cheveux d'or entachée par l'horreur de ses derniers instants, ses yeux encore ouverts figés dans l'incrédulité. "Où es-tu, ma femme ? Où est-ce que tout le monde se cache ?"

Ses yeux accrochèrent son propre reflet dans un miroir accroché de travers à du marbre bouillonnant. Ses vêtements étaient autrefois royaux, gris, écarlates et dorés ; maintenant, le tissu finement tissé, apporté par des marchands de l'autre côté de la Mer du Monde, était déchiré et sale, épais de la même poussière que celle qui recouvrait ses cheveux et sa peau. Pendant un moment, il toucha le symbole sur sa cape, un cercle à moitié blanc et à moitié noir, les couleurs étant séparées par une ligne sinueuse. Ce symbole signifiait quelque chose. Mais le cercle brodé ne put retenir longtemps son attention. Il contemplait sa propre image avec autant d'étonnement. Un homme de grande taille à peine entré dans l'âge mûr, beau autrefois, mais maintenant avec des cheveux plus blancs que bruns et un visage marqué par la fatigue et l'inquiétude, des yeux sombres qui en avaient trop vu. Lews Therin se mit à ricaner, puis rejeta la tête en arrière ; son rire résonna dans les couloirs sans vie. "Ilyena, mon amour ! Viens à moi, mon épouse. Tu dois voir cela."

Derrière lui, l'air ondula, miroita, se solidifia en un homme qui regardait autour de lui, sa bouche se tordant brièvement de dégoût. Moins grand que Lews Therin, il était vêtu de noir, à l'exception de la dentelle blanche comme neige à sa gorge et de l'argenterie sur le haut de ses bottes à hauteur de cuisse. Il marchait prudemment, maniant sa cape avec soin pour ne pas frôler les morts. Le sol tremblait de répliques, mais son attention était fixée sur l'homme qui se regardait dans le miroir et qui riait. *

"Seigneur du Matin", dit-il, "je suis venu pour vous".

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La Roue du Temps, le roman de 1990

La traduction de Arlette Rosenblum pour les éditions PAYOT & RIVAGES, puis POCKET FR

La Roue du Temps 1 : L’invasion des ténèbres

Prologue : MONTDRAGON


Le Palais vacillait encore de temps à autres en réponse aux grondantes répliques sismiques de la terre, gémissait comme s’il voulait nier ce qui s’était passé. Des rais de soleil s’infiltraient par des fissures dans les murs, faisaient scintiller les atomes de poussière planant toujours en l’air. Des marques de brûlures déparaient les murs, les sols, les plafonds. De larges tâches noires s’étalaient en travers de la peinture cloquée et la dorure des fresques naguères éclatantes de fraîcheur, la suie recouvrait les frises en désagrégation d’hommes et d’animaux qui donnaient l’impression d’avoir cherché à se mettre en marche avant que la folie ne se calme. Les morts gisaient partout — hommes, femmes, enfants — terrassés dans leur tentative de fuite par les éclairs qui avaient fulguré le long de chaque corridor du palais, ou saisis par les flammes qui les avaient traqués…

La Roue du Temps, le roman de 1990La Roue du Temps, le roman de 1990La Roue du Temps, le roman de 1990La Roue du Temps, le roman de 1990

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La Roue du Temps, le roman de 1990

La traduction de Jean-Claude Mallé de 2018 pour BRAGELONNE FR.

L’œil du Monde
La Roue du Temps - tome 1

Prologue
Le Pic du Dragon

Avec de sourdes plaintes, comme si elle refusait de croire à ce qui venait d’arriver, la terre tremblait encore et le palais continuait à vaciller sur ses fondations. A travers les fissures des murs, les rayons du soleil irisaient de lumière jaune les nuages de poussière toujours en suspension dans l’air. Partout des marques noires zébraient les cloisons, les sols, les plafonds et la peinture craquelée des fresques murales. Nagu-re brillant de toutes leurs dorures, ces frises partiellement effritées et couvertes de suie représentaient des hommes et des animaux – des silhouettes qui semblaient avoir tenté de se mettre en mouvement avant que la folie s’apaise…

Des morts gisaient partout. Des hommes, des femmes et des enfants foudroyés dans leur fuite par les éclairs qui avaient tout dévasté. Ou carbonisés par les flammes qui les avaient impitoyablement traqués. Ou ensevelis sous les pierres du palais. Avant que le calme revienne, ces immenses blocs, dévastateurs comme de la lave et presque vivants, avaient impitoyablement poursuivi leurs proies.

Etrangement, les tapisseries et les tableaux, des chefs-d’œuvres aux couleurs étincelantes, restaient intacts, sauf aux endroits où les murs, en explosant vers l’intérieur, les avaient poussés sur le côté. Phénomène identique, les meubles artistiquement sculptés revêtus d’ivoire et d’or demeuraient en parfait état, excepté dans les zones où les parquets éventrés les avaient renversés comme des quilles.

La force destructrice s’était concentrée sur le cœur de sa cible, ignorant les objectifs périphériques.

Menacé de perdre l’équilibre à chaque nouvelle secousse, Lews Therin Telamon errait dans le palais en ruine.
— Ilyena, mon amour, où es-tu ?

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.

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