La Lune et le Roi Soleil, le roman de 1997Feu orange livre / BD

The Moon & The Sun (1997)
Traduction :La Lune et le Soleil.
Titre français : La Lune et le Roi-Soleil.

Publié pour la première fois aux USA en 1997 chez Pocket Books.
Traduit en français par Jacques Guiod en grand format chez J’ai Lu Millénaire le 13 mai 1999 ;
Réédité en poche au Livre de Poche le 16 mars 2016.

De Vonda N.McIntyre.

(presse, romance de fantasy historique) La France du XVIIe siècle : à la cour du Roi Soleil, la jeune et naïve Mademoiselle Marie-Josèphe de la Croix, élevée dans une colonie, est la dame de compagnie de la nièce du roi. Son frère, le père Yves de la Croix (philosophe de la nature et explorateur), vient de rentrer d'une mission commandée par le roi : rapporter le monstre marin en voie de disparition dont la chair donnerait l'immortalité au consommateur. Le père Yves ramène deux spécimens : l'un, un monstre marin mâle mort, recouvert de sciure de bois et de glace ; l'autre, un monstre marin femelle vivant, placé dans la fontaine d'Apollon du château de Versailles.

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Le texte original de Vonda McIntyre

THE MOON AND THE SUN

PROLOGUE


MIDSUMMER DAY’S SUN blazed white in the center of the sky. The sky burned blue to the horizon.
The flagship of the King crossed abruptly from the limpid green of shallow water to the dark indigo of limitless depths.

The galleon’s captain shouted orders; the sailors hurried to obey. Canvas flapped, then filled; the immense square sails snapped taut in the wind. The ship creaked and groaned and leaned into its turn. The flag of Louis XIV fluttered writing Nec Pluribus Impar, the King’s motto, across the sky. The emblem of Louis XIV, a golden sunburst, shone from the galleon’s foretopsail.

Free of the treacherous shoals, the galleon plunged ahead. Water rushed against the ship’s sides. The gilt figurehead stretched its arms into sunlight and spray. Rainbows shimmered from its claws and from the flukes of its double tail. The carven sea monster flung colored light before it, for the glory of the King.

Yves de la Croix searched the sea from the ship’s bow to the horizon seeking his quarry along the Tropic of Cancer, directly beneath the sun. He squinted into Midsummer’s Day and clenched his hands around the topdeck’s rail. The galleon moved with the wind, leaving the air on deck still and hot. The sun soaked into Yves’ black cassock and drenched his dark hair with heat. The tropical sea sparkled and shifted, dazzling and enrapturing the young Jesuit.

“Démons !” the lookout cried.
Yves searched for what the lookout had spied, but the sun was too bright and the distance too long. The ship cut through the waves, rushing, roaring.
“There!”

Dead ahead, the ocean roiled. Shapes leapt. Sleek figures cavorted like dolphins in the sea foam.

The flagship sailed toward the turbulent water. A siren song, no dolphin’s call, floated through the air. The sailors fell into terrified silence.

*

La traduction au plus proche

LA LUNE ET LE SOLEIL

PROLOGUE


LE SOLEIL DE LA SAINT JEAN brillait d'un blanc éclatant au centre du ciel. Le ciel brûlait de bleu jusqu'à l'horizon.
Le vaisseau amiral du Roi passa abruptement du vert limpide des eaux peu profondes à l'indigo sombre des profondeurs sans limites.

Le capitaine du galion lançait des ordres, les marins s’empressaient d'obéir. Les toiles claquaient, puis se gonflaient ; les immenses voiles carrées se tendaient dans le vent. Le navire grinçait, gémissait et s'inclinait dans son virage. Le drapeau de Louis XIV battait en proclamant Nec Pluribus Impar, la devise du roi dans le ciel. L'emblème de Louis XIV, un soleil d'or rayonnant, brillait sur la voile d'avant du galion.

Libéré des hauts-fonds traîtres, le galion plongeait en avant. L’eau se précipitait contre les flancs du navire. La figure de proue dorée tendait ses bras vers le soleil et les embruns. Des arcs-en-ciel jaillissaient des griffes et des nageoires de sa double queue. Le monstre marin sculpté projetait devant lui une lumière colorée, à la gloire du Roi.

Yves De la Croix scrutait la mer, depuis la proue du navire à l'horizon, cherchant sa proie le long du Tropique du Cancer, directement sous le soleil. Il clignait des yeux dans la lumière de la Saint-Jean et cramponnait ses mains autour de la rambarde du pont supérieur. Le galion bougeait avec le vent, laissant l'air sur le pont immobile et chaud. Le soleil imprégnait la soutane noire d'Yves et détrempait ses cheveux noirs de chaleur. La mer tropicale scintillait et ondulait, éblouissant et hypnotisant le jeune jésuite.

"Démons !" cria la vigie.
Yves chercha ce que la vigie avait repéré, mais le soleil était trop brillant et la distance trop longue. Le navire fendait les vagues, se précipitant, rugissant.
"Là !"

Droit devant, l'océan ruait. Des formes bondissaient. Des silhouettes élancées se caracolaient comme des dauphins dans l'écume de la mer.

Le vaisseau amiral se dirigea vers les eaux turbulentes. Un chant de sirène, pas un cri de dauphin, flotta dans l'air. Les marins tombèrent dans un silence terrifié.

*

La Lune et le Roi Soleil, le roman de 1997La Lune et le Roi Soleil, le roman de 1997

La traduction de Jacques Guiod du 13 mai 1999 pour J’ai Lu et Le Livre de Poche.

LA LUNE ET LE ROI-SOLEIL

PROLOGUE


En ce jour de la Saint-Jean, le soleil semblait chauffé à blanc au centre du ciel. L’éther s’embrasait de bleu jusqu’à l’horizon.
Le vaisseau amiral du roi quitta brusquement le vert limpide des bas-fonds pour l’indigo des profondeurs abyssales.

Le capitaine du galion lança des ordres et les marins s’empressèrent d’obéir. La toile se déploya avec un bruit sonore, puis se gonfla. Les immenses voiles carrées claquèrent. Frappé de la devise du roi, Nec Pluribus Impar, le pavillon de Louis XIV flottait au vent. L’emblème du roi, un soleil d’or resplendissant illuminait le petit hunier.

Dégagé de la traîtrise des bas-fonds, le galion plongeait de l’avant. L’eau se précipitait contre les flancs du navire. La figure de proue dorée écartait les bras dans la lumière du soleil et les embruns. Des arcs-en-ciel se formaient entre les griffes ainsi que dans la palmure de sa double-queue. Le monstre marin de bois se dressait dans la lumière pour la plus grande gloire du roi.

Yves de La Croix scrutait la mer de la proue à l’horizon et traquait sa proie le long du tropique du Cancer. Grimaçant sous l’effet du soleil de la Saint-Jean, il referma les doigts sur la balustrade du pont supérieur. Le galion naviguait au vent ; sur le pont, l’air était chaud et pesant. Le soleil frappait la soutane noire et les cheveux bruns d’Yves. La mer tropicale étincelait, sans cesse mouvante, aveuglant et ravissant le jeune jésuite.

— Des démons ! cria la vigie.
Yves tenta de voir ce qu’indiquait l’homme, mais la lumière était trop vive et la distance trop grande. Le vaisseau fendait les vagues dans un rugissement.
— Là !

Droit devant, l’océan roulait. Des formes jaillissaient. Des silhouettes minces jouaient comme des dauphins dans l’écume.

Le vaisseau amiral avançait malgré la turbulence des eaux, mais c’est le chant d’une sirène, et non le cri d’un dauphin, qui parvint aux oreilles de chacun. Terrorisés, les marins firent silence.

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.

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