Ne pas confondre avec le film de 1975 de Walerian Borowczyk du même titre.
Ne pas confondre avec le film La Bête dans la jungle de 2023 adapté de la même nouvelle de Henry James.
Sorti au cinéma en France le 7 février 2024.
Sorti en blu-ray français AD VITAM FR le 7 juin 2024.
Toxique : le film prétend défendre l'humanité et la liberté d'émotion pour conclure le contraire et ne montrer que des personnages pas plus humains que des zombies à n'importe laquelle des trois époques de leurs vies antérieures. On croirait le film tourné pour persuader le spectateur de se laisser décérébrer parce qu'une intelligence artificielle le lui aura dit, une intelligence artificielle programmée et tordue par on ne sait quel ennemi définitif de la nation et de l'humanité.
De Bertrand Bonello (également scénariste), sur un scénario de Guillaume Bréaud, Benjamin Charbit, librement adapté du roman du 26 février 1903 The Beast in the Jungle (La bête dans la jungle) de Henry James; avec Léa Seydoux, George MacKay, Guslagie Malanda, Dasha Nekrasova, Martin Scali, Elina Löwensohn.
Pour adultes
(presse, prospective fantastique, vie antérieure, woke, toxique) Une blonde en pantalon et chemisier lamé, se tient debout pieds nus sur un fond vert. Le réalisateur, en voix off lui ordonne : « Commence à marcher. Encore. Okay, par ici ça va. Tourne-toi un peu… Euh, tu vois, là derrière moi, ça c’est le salon d’où tu viens ; l’escalier est juste là, sur la gauche ; sur ta droite, tu as la fenêtre de la cuisine ; sur la table, qui est ici, tu as le couteau. »
Il n’y a que du vert autour d’elle : pas de table, pas de couteau. Mais la blonde regarde bien vers sa droite. Le réalisateur reprend : « Et tu vois la marque, en scotch ? »
Il n’y a pas de marque en scotch, nulle part. « Euh, vraiment sur ta droite ? » L’actrice ne répond rien, regarde le réalisateur : « ça, c’est là où va apparaître l’ombre de la Bête : à un moment, tu regardes par là, et tu la vois. »
La blonde regarde par-dessus son épaule droite. « Okay ? » Elle repond « Okay. » et regarde à nouveau la caméra, c’est-à-dire le réalisateur.
Le réalisateur hésite puis déclare : « Ben… dégage un peu tes cheveux. »
La blonde ramène et lisse ses cheveux relativement courts en arrière. « Voilà, comme ça… » encourage le réalisateur : « … et fais deux trois pas vers moi. »
La blonde rajuste sa ceinture et fait les pas en question : elle est désormais cadrée à mi-cuisses, arborant l’expression vaguement constipée de tous les acteurs et actrices français de nos jours, généralisée depuis peut-être les années 1990 : cela doit mettre en valeur le gloss sur ses lèvres et éviter d’abîmer son maquillage avec des expressions et des micro-expressions un peu naturelle et définitivement plus convaincante quand il s’agit d’incarner un personnage digne de ce nom.
La caméra s’approche, la cadrant désormais à la taille ; le réalisateur demande : « ça va ? » et elle répond, s’animant un peu avec un sourire asymétrique plus marqué du côté gauche : « ça va, je suis prête. »
Va-t-elle se fouler un cil ? Le suspens est intolérable. Elle hausse les épaules, puis laisse retomber ses épaules et ses bras. Possiblement son échauffement du jour : c’est quand même physique le métier d’acteur.
Le réalisateur dit enfin : « Et c’est… quand tu veux. »
Et nous passons sur une autre caméra, serré sur son visage, de trois-quart profil droit. On entend alors de vagues effets sonores, rappelant vaguement un très lointain vrombissement d’hélicoptère et des coups sourds, qui, si l’on en croit les regards de l’actrice, pourrait venir de plusieurs côtés et d’en haut, mais rien n’est moins certain car nous n’avons pour l’instant vu nulle part les hauts parleurs qui sonoriseraient ce plateau.
De manière piquante, alors que la blonde maintenant se déplace pieds nus en reculant, sur le tapis vert, nous entendons le bruit des pas que font ses chaussures sur un parquet. Et elle se retrouve tout de suite à côté d’une table peinte en vert — qui n’était certainement pas à cette place quand elle est entrée sur le plateau par sa droite. Il y a bien un couteau de cuisine posé sur la table, comme annoncé. Après une hésitation, elle empoigne le couteau.
Alors nous passons au point de vue d’une caméra qui cadre la blonde de dos à mi-cuisse, tenant le couteau, et la table a soudain disparu, alors que ladite table se trouvait exactement sous la main qui avait empoigné le couteau.
La blonde se retourne pas très vite, recule et logiquement aurait dû alors heurter la table qui aura subitement disparu, probablement au montage, alors que la scène est censée être tournée d’une seule prise.
La blonde regard autour d’elle avec la caméra qui serre toujours davantage sur son visage, puis sur son nez, sur son œil droit, puis hop, l’image saute, et nous revoilà moins serré cette fois sur son œil gauche et sa boucle d’oreille gauche.
La blonde lève les yeux, puis se tourne vers sa droite et se met à hurler de manière pas vraiment convaincante tandis que son image se brouille suite à l’application inopiné du filtre « verre dépoli » de Totoshop, version animée.
Titre du film : « la Bête »
Sans transition (vous vous attendiez à quoi avec une écriture et un montage pareil ?), une violoniste en robe de soirée Belle époque (?) joue devant les lambris doré d’un salon raccord, accompagnée d’un pianiste à nœud papillon moyennement raccord concernant la coiffure masculine (pas de brillantine) ou la pilosité faciale (ni moustache, ni barbiche, ni barbe). En théorie, il devrait être en queue de pie, mais j’en doute fortement.
Un élégant jeune homme lui aussi plus ou moins habillé belle époque avec cette fois un nœud d’Ascot semble improbablement faire tapisserie dans ce genre d’évènement mondain, faisant mine d’admirer la violoniste et d’apprécier la musique, mais il est probablement là seulement pour être dans le champ de la caméra au début du mouvement qui consiste à s’écarter pour laisser la même blonde du début se poser en plein milieu de l’écran, avec le même air mi-constipée du début, mais un maquillage et une perruque blonde plus ou moins raccord avec l’ambiance Belle époque. Elle porte un pendentif doré de style égyptien et des gants.
A lambiner depuis le salon où la violoniste et le pianiste joue jusqu’à un autre de la même réception, elle croise entre autres un serveurs, à peine brillantiné et sans pilosité faciale (la production de ce film est vraiment fauchée), qui porte un plateau de trois coupes d’un champagne transparent et pratiquement sans bulle. A court de Périer ? C’est fou !
La blonde attrape une coupe, remercie le serveur et continue sa promenade. Elle boit une gorgée de son « champagne », puis s’approche d’une travestie à qui elle souffle : « Pauline ? Vous n’auriez pas vu mon mari ? » et Pauline répond : « Il était dans l’aut’ salon il y a quelque minute. »
Les deux femmes relèvent leur menton, la blonde se détourne, Pauline la brune reste scotchée au mur du troisième salon, ce qui pose la question de quel pourrait être « l’autre salon » et de si la réplique a été écrite en totale ignorance d’où serait tourné la scène.
La blonde en tout cas a fait demi tour et s’est remise à marcher nonchalamment à pas relativement lourd, dodelinant de la tête à chaque pas sans veiller à son maintien ni à son port : ce n’est pas comme si elle évoluait dans la haute société, mais en fait si. Ou alors elle aura déjà trop bu de son « champagne » (une gorgée si l’on en croit le montage).
La caméra balaye un quart du salon pour s’arrêter sur un blond un peu plus brillantiné que les autres, toujours pas de pilosité facilae, nœud papillon et impossible de voir s’il porte la queue de pie Belle Epoque. Il semble s’en aller après avoir jeté un coup d’œil entendu à la blonde.
La caméra étant occupée à panner sur les lambris peints en blanc et leurs dorures, c’est en voix off que la blonde demande à quelqu’un sur son ton pas particulièrement distingué : « Tu n’aurais pas vu Georges ? » et une femme inconnue lui répond : « Si, il était dans le salon de l’autre côté il y a cinq minutes. »
La femme inconnue apparaît marchant avec la blonde : c’est une brune d’âge mür avec collier d’argent en forme de serpent et aigrette blanche dans le serre-tête rehaussé de strass. Elle demande : « Mais dis-moi, pourquoi dans les fêtes on cherche toujours les gens avec qui on vit, et que l’on voit tous les jours ? »
Une autre question pertinente serait : Et pourquoi dans les fêtes ne tiendrait-on de conversation que de trois courtes répliques sans égard ni aucun a-propos ?
Et les deux semblent être dans le troisième salon d’une suite qui n’en compte que trois : je ne vois pas comment la blonde aurait pu louper son mari en balayant les trois salons depuis le début apparent de la prise, à part si elle l’aurait étranglé discrètement et caché dans un placard, le piano à queue n’étant pas la meilleure cachette bien que je n’aurais su dire si le pianiste en jouait pour de vrai.
La blonde pouffe fort intelligemment et les deux femmes partent dans des directions opposées. Elle prend une autre gorgée de « champagne », et revenant dans le second salon, elle est accostée par une troisième femme, plus gironde, en noir : « Vous vous amusez ? — Beaucoup, mais j’ai perdu mon mari… — Oh quelle chance ! Profitez-en… — J’en profite ! » et d’ajouter en brandissant sa coupe de « champagne » dont elle n’a pris que deux gorgées, et cela se voit : « Trop ! »
Après quelques pas, la veuve noire déclare : « Je crois que je l’ai vu partir par là, il a dû aller voir l’atelier… — L’atelier ? — Vous n’avez pas rencontré Anton ? — Non… »
La veuve noir attire vers elle un jeune homme au gilet bordeaux et cheveux blonds vaguement raphaëliens – non brillantinés, aucune pilosité faciale, nœud d’ascot ? qui avait une grande conversation inaudible à moins de cinquante centimètres de ces dames : « Anton ! » et de présenter la blonde : « Gabrielle ». La veuve noire explique : « On lui a prêté une pièce au fond de la maison pour qu’il puisse travailler : ce soir, il montre des choses, allez-y : c’est puissant et aussi sombre que l’époque est lumineuse… Curieux contraste. »
Le jeune homme sourit sans montrer les dents ni dire quoi que ce soit. « Dans ce cas… » dit encore la veuve noir : « Je vous laisse ! »
Dans quel cas ?
Ils semblent tous les deux simultanément se mettre à marcher dans une direction précise. « C’est par là, demande Gabrielle. Et Anton répond : « Oui. Après le salon du fond, à droite. »
Quatre salons en enfilade et personne ne sait compter ou donner un point de repère du genre celui du piano, ou celui près de l’entrée ?
Arrangeant, Anton propose : « Je peux vous emmener si vous voulez ? »
Ce n’est pas ce qu’il était déjà en train de faire en prenant la même direction que Gabrielle et en confirmant qu’il s’agissait de celle de l’atelier ?
Gabrielle répond : « Merci, mais je peux me débrouiller ».
Apparemment pas, vu tout le temps perdu depuis le début de la scène à prétendre chercher son mari et à s’entendre répondre : « Il dans l’autre salon » trois fois, puis « il est dans l’atelier. »
Anton, toujours serviable : « Mais vous ne voulez pas un verre avant ? »
Comprenez-le, il n’expose que devant des invitées trop saoules pour y voir clair et résister à son art « puissant et sombre ».
« J’ai un verre ! », répond Gabrielle en brandissant sous le nez de l’artiste sa coupe de champagne quasiment pleine. D’un autre côté, Anton pourrait être aveugle et comme ça il sentira au moins l’odeur des bulles, à supposer qu’il y en ait encore depuis tout ce temps, s’il y en a jamais eu.
Anton ajoute : « Et un gant qui cache quelque chose. »
Comment a-t-il deviné que Gabrielle était lépreuse ?
« Je m’incline, déclare Anton : j’espère que cela vous plaira. »
« J’en suis sûre ! »
Et Gabrielle d’entrer dans le cinquième salon — une bibliothèque — à l’entrée duquel l’attendait le même serveur que dans le salon de musique — la maison n’en a qu’un — avec trois coupes de champagne sur son plateau, le même nombre que dans le salon à musique : faut croire que les invités n’en prennent jamais qu’une seule à la fois.
Gabrielle dépose sa coupe presque pleine définitivement remplie d’un liquide clair en comparaison de celui plus doré des coupes sur le plateau, prend une coupe de ce qui ressemble davantage à du champagne qui ne mousse plus mais pétille encore.
Gabrielle longe les rayons de reliures apparemment précieuses et manque de se casser la figure parce que les robes longues et étroites, c’est traître à toutes les époques, même en terrain plat et sans avoir bu deux gorgées de prétendu champagne. Histoire de pousser le challenge, elle entre dans le salon suivant en buvant une gorgée de son plus probable champagne.
Gabrielle arrive alors devant un premier tableau représentant Nicolas Sarkozy à poils cuisses écartées assis entre un fond blanc et un fond noir. Plus loin au mur deux autres toiles représentant deux hommes, l’un semblant se soucier de modestie. Plus loin un jeune homme probablement nu se cache derrière une femme à robe rouge devant un arbre dépenaillé aux feuilles noire, et il y a un portrait relativement classique d’un blond à menton pointu – apparemment habillé.
Gabrielle en est à considérée les cours de la bourse et la grosse bite d’abordage du second homme nu de l’exposition quand elle semble remarquer l’homme de dos qui s’intéressait de plus près au portrait du blond habillé…
Mais elle préfère s’absorber dans la contemplation d’un autre homme nu cuisses écartées qui se baisse : plantée le nez dessus, elle laisse l’homme qu’elle avait repéré la rejoindre : ils ont tellement en commun…
Le jeune homme lui glisse à l’oreille : « Vous en pensez quoi ? »
Les deux ont le visage très rouge, mais cela doit être le champagne. Elle répond : « C’est… violent. Psychiatrique. Mais c’est beau, je trouve. »
Le jeune homme assure : « Il pourrait vous peindre… »
Nue cuisse écartée, mais certainement très cher.
Ils se regardent, lui, souriant, elle pouffant fort intelligemment. Elle fit par répondre : « Jamais de la vie… Je tiens à mon âme. »
Le jeune homme reprend comme elle ferme les yeux : « Vous vous souvenez, n’est-ce pas ? »
Elle rouvre les yeux et demande « De quoi ? »
Il répond : « Que nous nous sommes déjà rencontrés. — Ah oui ? — … à Rome, il y a des années, il y a trois un an, un dîner organisé après une représentation de Madame Butterfly. Vous étiez avec votre oncle et votre tante ; vous portiez une robe d’un vert assez foncé et un chignon. »
Toutes les femmes portent le chignon à cette réception…
Gabrielle réfléchit, puis se retourne vers le jeune homme : « C’était à Naples, pas à Rome »
Sans faire la liaison entre « pas » et « à » ; or la liaison est obligatoire en français soutenu, surtout avant la seconde guerre mondiale, entre l’adverbe monosyllabique et le mot qui suit : Gabrielle aurait dû dire « paz’à Rome. » mais ce n’est qu’une des bourdes anachroniques que les acteurs et actrices de ce film enquillent depuis le début de la scène.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce film.
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