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- Écrit par David Sicé
The Space Merchants (1952)
Traduction du titre original : Les marchands de l'Espace.
Autres titres : Gravy Planet, Fall Campaign.
Ce roman existe au moins en trois versions : feuilleton Galaxy, grand format 1952 (sans la conclusion Galaxy), révision de 2011 de F. Pohl (Enron mix).
Noter qu'il existe une suite, signée Frederik Pohl : Les Gogos contre-attaquent (The Merchants' War).
Diffusé aux USA en feuilleton de juin à août 1952 dans Galaxy Science-fiction.
Sorti en grand format chez Ballantine en 1953.
Réédité en France chez Denoël en octobre 1993.
De Frederik Pohl et Cyril M. Kornbluth.
Pour adultes et adolescents
Mitchell Courtenay est un publiciste de l'Agence Fowler Schoken Associates. Comme tous ses collègues de travail, c'est un lèche-cul de première et toujours prêt à justifier la manipulation et l'empoisonnement des citoyens pour mieux satisfaire aux objectifs de la société. Mais entre les conditionnements des enfants via l'emballage des nourritures les plus dégoûtantes aux couleurs d'une compagnie rivale et la drogue ajoutée au café, Courtenay doit vendre de la conquête spatiale de la planète Vénus au bas-peuple. Alors que Courtenay s'attèle à la tâche avec le cynisme qui caractérise les cadres de son rang, on tente de l'assassiner, ce qui l'étonne beaucoup. Mais ce n'est pas la moindre des surprises qui l'attendent...
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(traduction de Jean Rosenthal )
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Tout en m'habillant ce matin-là, je repassais dans ma tête la longue liste de statistiques, d’échappatoires et d'exagérations qu'on s'attendrait à trouver dans mon rapport. Dans mon service, la Production, nous avions eu une série de maladies et de démissions, et il est quand même difficile que le travail soit fait quand le personnel manque pour cela. Mais le conseil d'administration n'accepterait probablement pas cette excuse.
Je me frottai le visage au savon épilatoire et me rinçai à l'eau douce. C'était du gaspillage, bien sûr, mais après tout, je paie des impôts, et puis l'eau salée me laisse toujours une sensation de démangeaison. Je n'avais pas tout à fait fini de me rincer la figure que le filet d'eau s'arrêtait de couler ; je jurai sous cape et dus terminer à l'eau salée. Cela arrivait souvent depuis quelques temps ; certains accusaient les saboteurs, les "écolos". On avait beau organiser des commandos loyalistes dans le Service municipal des eaux de New-York, cela n'avait guère donné de résultats jusqu'à maintenant.
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- Écrit par David Sicé
Fanfan la Tulipe (1952)
Sorti en France le 20 mars 1952.
Sorti aux USA le 4 mai 1953.
Sorti en DVD français le 22 mars 2000 (4:3 version originale N&B et version colorisée, image correcte un peu floue avec nombreux artfacts en cas de mouvement, son mono correct vieilli ; colorisation sans nuance, ne respectant pas la pigmentation naturelle de la peau des acteurs et les changements de couleur de peau en fonction de leurs émotions).
Sortie blu-ray français annoncée en 2011 chez TF1 VIDEO repoussée sans date (problèmes de droits).
De Christian-Jaque (également scénariste) ; sur un scénario de René Wheeler, René Fallet et Henri Jeanson ; avec Gérard Philipe, Gina Lollobrigida, Marcel Herrand, Henri Rollan, Nerio Bernardi, Jean-Marc Tennberg, Geneviève Page, Sylvie Pelayo, Lolita De Silva.
Pour adultes et adolescents.
Il était une fois un pays charmant qui s’appelait la France. Regardez-là par le petit bout de la lorgnette : c’est elle, en plein 18ème siècle. Alors on vivait heureux, les femmes étaient faciles, et les hommes se livraient à leur plaisir favori : la Guerre, le seul divertissement des rois où les peuples aient leur part. Mais, quelle est cette glorieuse bataille ? peu importe : toutes les batailles ne se ressemblent-elles pas par un côté gai qu’elles ont en commun ? Un champ de bataille est un endroit où l’on travaille pour la postérité, en faisant des mots historiques pour les enfants des écoles… à moi l’Auvergne, voilà l’Ennemi, ralliez-vous à mon panache blanc ; Tu trembles, Carcasse ? … Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! La garde meurt mais ne se rend pas… Ce dernier-là est de Louis XV : vous l’avez reconnu à ces fortes paroles, qu’il aurait pu dire. Louis XV dit « le bien aimé », traînant comme il se doit tous les cœurs après soi ; il perd quelque fois son chapeau, mais il ne perd jamais son sang-froid. Fleur au fusil, sourire aux lèvres, amour au cœur, les régiments de Picardie, d’Aquitaine et de Bourgogne se battaient avec élégance. On s’entre-tuait avec grâce, on s’éventrait en beauté : tout était réglé comme un ballet – c’est ce que l’on appelait « La Guerre en dentelles »… Cette guerre, les soldats de Sa Majesté la trouvaient si plaisante, qu’ils la firent durer sept ans. Quand le nombre des morts excédait celui des vivants, on en déduisait que les effectifs avaient diminués : des agents recruteurs sillonnait alors les belles routes de France, et prospectaient les villages les plus reculés.
Ainsi des soldats arrivent en chariot marqué « Régiment d’Anjou » et un sergent recruteur monte sur une estrade sur haranguer les « jeunes gens amateurs de gloire et d ‘argent » : Voulez-vous vivre sans soucis et mourir sans regrets ? Voulez-vous ne penser à rien, et que le Roi s’en charge pour vous ? Alors, n’hésitez pas : engagez-vous, et vous serez considérés ! Approchez, approchez, engagez-vous dans le glorieux régiment de l’Aquitaine !
Mais la harangue est interrompue par un cri : un paysan en appelle un autre, un certain Guillot, dont la fille serait en train de se faire culbuter, et pour son voisin, pas besoin de demander avec qui. Guillot sachant en effet très bien avec qui, il gronde, menaçant de saigner le « misérable » comme un poulet, l’étriper comme un porc – et Dieu le pardonnera. Du coup, tout le monde suit Guillot et le recruteur se retrouve sans public, et s’indigne : les paysans ne sont qu’une bande de sauvages, puisque lorsqu’on leur parle de guerre, ils fichent le camp !
L’espion a mené Guillot jusqu’à un champ : les amants sont dans une des meules de paille, mais il ignore laquelle – il y en a des dizaines. Guillot répond qu’ils n’ont qu’à se partager la besogne, et tous les villageois descendent dans le champ, armés de leurs fourches pour fouiller toutes les meules. Ils surprennent ainsi le brun Fanfan et la blonde Marion, fille du dénommé Guillot, qui la croyait à confesse. Fanfan répond alors que Marion ne pouvait se confesser avant d’avoir péché. Guillot rétorque que Fanfan ne s’en tirera pas avec ses plaisanteries de parisien, et Fanfan se rend alors compte qu’il est encerclé : qu’a-t-on à lui reprocher ? Marion est belle et désirable, et elle en doutait ; il a simplement prouvé à la jeune fille qu’elle plaisait… Mais selon les paysans, Fanfan n’est qu’un beau parleur, un insolent et surtout un étranger, et son oncle ne l’a recueilli que pour qu’il passe ses journées à jouer au lansquenet, ferrailler les sacs de paille et violer les filles.
Guillot veut alors bastonner Fanfan, mais celui-ci, jeune et mince l’esquive sans effort. Guillot s’indigne de ce que Fanfan ose menacer son futur beau-père si ce dernier s’obstine à vouloir le frapper, et Fanfan s’indigne : il n’a nulle intention d’épouser Marion, or, selon Guillot, qui cueille la fleur récolte le fruit. Comme Fanfan répète qu’il n’épousera pas Marion, une courte bvagarre s’en suit. Fanfan tente de sauter dans la rivière pour s’échapper, mais il est récupérer, et ramené sur la route.
C’est là qu’il croise le regard de la sculpturale Adeline, qui lui demande moqueuse ce qu’il a bien pu faire (l’Amour) et quel supplice l’attend (se marier, ses gardiens veulent que leur espèce se reproduise…). Et comme Fanfan fait mine de se résigner, pour ce que la vie lui réserve, Adeline le rejoint et veut lire l’avenir du jeune homme dans la paume de la main de dernier. Comme Guillot affirme qu’il a déjà décidé de l’avenir de Fanfan (il sera son gendre et il lui obéira), Adeline répond que Fanfan ne se mariera pas demain : des belles aventures l’attendent, et elle lit tous les signes de la Fortune et du Triomphe – un costume chamarré, le cheval le plus fougueux du monde, une audace folle : Fanfan sera soldat dans le plus beau régiment de France et s’y couvrira de gloire ! Guillot ironise : et Sa Majesté le nommera Maréchal de France ! Un coup de pied au derrière, oui ! Adeline reprend : voici l’Amour – elle étouffe un cri, puis s’incline bien bas, demandant à ce que Fanfan la pardonne de l’avoir tutoyé et oublie son impertinence. Guillot s’étonne : mais qu’est-ce qu’Adeline leur chante-là ? Adeline répond : la fille du Roi aime Fanfan. Fanfan est très étonné, mais Adeline est catégorique : la fille du roi aimera Fanfan et il épousera. Fanfan demande alors comment il pourrait connaître la fille du roi, et Adeline répond : intimement. Guillot répond qu’alors il est roi sans le savoir, car demain Fanfan sera marié avec Marion ! Fanfan, quant à lui, se déclare intéressé.
Le lendemain, la noce marche vers l’église, tandis que Fanfan, fermement tenu, est mené à travers la place du village. Entendant les slogans des militaires, Fanfan fausse compagnie à la noce, sème temporairement ses poursuivants dans les ruelles, revient sur la grande place, et exige quand lui tendent un engagement. Il signe le registre, touche sa prime, boit son verre. Arrive Guillot et la noce furieux, auquel le sergent oppose les sept années d’engagement de Fanfan. Et prétendant que Marion trouvera bien un mari car elle est suffisamment jolie, Fanfan demande un volontaire à la foule. Personne ne se porte volontaire. Alors Fanfan propose d’offrir sa prime, et tout le monde est volontaire – et il lance la petite bourse au hasard dans la foule. Considérant l’affaire réglée, Fanfan rejoint la troupe et tombe nez à nez avec Adeline, très étonnée, qui se moque de lui : ne comprend-il donc rien ? Et les autres engagés répondent qu’Adeline est la fille du sergent et les a tous manipulés pour qu’ils s’engagent – en les faisant boire et en leur racontant de fausses prédictions… Alors Fanfan réplique que ses prédictions à lui se réaliseront, parce qu’il en a décidé ainsi.
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- Écrit par David Sicé
David Starr: Space Ranger (1952)
Traduction du titre anglais : David Starr (David L'étoile), Garde (forestier) de l’Espace.
Titre français : Jim Spark (Jim l'étincelle), le chasseur d’étoiles (en anglais, Jim Spark the star hunter).
Ce roman appartient à la série Lucky Starr et est suivi par Lucky Starr and The Pirates Of The Asteroids (1953)
Sorti aux USA en janvier 1952 chez Doubleday.
Traduit en poche français par Amélie Audiberti sous le titre Sur la planète rouge (écrit par Paul French), pour Fleuve Noir Anticipation 4ème trimestre 1954,
Traduit par Guy Abadia sous le titre Jim Spark, le chasseur d’étoiles (écrit par Isaac Asimov) chez Hachette Bibliothèque Verte 3ème trimestre 1977 ;
Traduit par Paul Couturiau sous le titre Les Poisons de Mars (écrit par Isaac Asimov) chez Claude Lefrancq en avril 1991, réédité en 1996,
Réédité avec l’intégrale David Starr justicier de l’espace en octobre 1993 chez Claude Lefrancq, réédité en juin 1996.
De Paul French, aka Isaac Asimov.
Pour tout public.
(Prospective, aventure interplanétaires, policier, presse) 7 000 ans après J.-C. (cinq mille ans après la première bombe nucléaire) David Starr est un jeune biophysicien orphelin depuis son enfance et élevé par ses tuteurs Augustus Henree et Hector Conway, des membres du Conseil de haut rang qui envoient David en mission pour le Conseil. Ils lui parlent de quelque 200 victimes récentes empoisonnées mortellement par des produits importés de la plnète Mars. Craignant une conspiration visant à déclencher une panique alimentaire et à ruiner le commerce interplanétaire, ils envoient Starr sous couverture sur Mars, où il fait la connaissance de John "Bigman" Jones, un garçon de ferme petit mais teigneux.
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Le texte original anglais de Isaac Asimov sous le pseudonyme de Paul French publié en janvier 1953 chez DOUBLEDAY.
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The Plum from Mars
David Starr was staring right at the man, so he saw it happen. He saw him die.
David had been waiting patiently for Dr. Henree and, in the meanwhile, enjoying the atmosphere of International City's newest restaurant. This was to be his first real celebration now that he had obtained Ms degree and qualified for full membership in the Council of Science.
He did not mind waiting. The Cafe Supreme still glistened from the freshly applied chromosilicone paints. The subdued light that spread evenly over the entire dining room had no visible source. At the wall end of David's table was the small, self-glowing cube which contained a tiny three-dimensional replica of the band whose music filled in a soft background. The leader's baton was a half-inch flash of motion and of course the table top itself was of the Sanito type, the ultimate in force-field modernity and, except for the deliberate flicker, quite invisible.
David's calm brown eyes swept the other tables, half-hidden in their alcoves, not out of boredom, but gather. Tri-television and force-fields were wonders ten years before, yet were already accepted by all. People, on the other hand, did not change, but even now, ten thousand years after the pyramids were built and five thousand years after the first atom bomb had exploded, they were still the insoluble mystery and the unfaded wonder.
There was a young girl in a pretty gown laughing gently with the man who sat opposite her; a middleaged man, in uncomfortable holiday clothing, punching the menu combination on the mechanical waiter while his wife and two children watched gravely; two businessmen talking animatedly over their dessert.
And it was as David's glance flicked over the businessmen that it happened. One of them, face congesting with blood, moved convulsively and attempted to rise. The other, crying out, stretched out an arm in a vague gesture of help, but the first had already collapsed in his seat and was beginning to slide under the table.
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La traduction au plus proche.
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La prune de Mars
David Starr avait les yeux fixés sur l'homme, alors il vit quand cela arriva. Il le vit mourir.
David avait attendu patiemment le Dr Henree et, dans l’intervalle, il avait profité de l'ambiance du tout nouveau restaurant de la Cité Internationale. C'était sa première vraie occasion, à présent qu'il avait obtenu son diplôme de fêter le fait qu'il pouvait devenir membre à part entière du Conseil des Sciences.
L'attente ne le dérangeait pas. Le Café Suprême brillait encore des peintures au chromosilicone fraîchement appliquées. La lumière tamisée qui se répandait uniformément dans toute la salle à manger n'avait pas de source visible. À l'extrémité du mur de la table de David se trouvait le petit cube autolumineux qui contenait une minuscule réplique tridimensionnelle du groupe dont la musique remplissait un doux fond sonore. La baguette du leader n'était qu'un éclair de mouvement d'un demi-pouce et, bien sûr, le plateau de la table lui-même était du type Sanito, le nec plus ultra de la modernité en matière de champ de force et, à l'exception du scintillement délibéré, tout à fait invisible.
Les yeux bruns et calmes de David balayaient les autres tables, à moitié cachées dans leurs alcôves, non par ennui, mais par rassemblement. La tri-télévision et les champs de force étaient des merveilles dix ans auparavant, mais ils étaient déjà acceptés par tous. Les hommes, eux, n'ont pas changé, mais même maintenant, dix mille ans après la construction des pyramides et cinq mille ans après l'explosion de la première bombe atomique, ils restaient le mystère insoluble et l'émerveillement inaltérable.
Il y avait une jeune fille dans une jolie robe qui riait doucement avec l'homme assis en face d'elle ; un homme d'âge moyen, dans une tenue de vacances inconfortable, qui tapait la combinaison du menu sur le serveur mécanique tandis que sa femme et ses deux enfants regardaient gravement ; deux hommes d'affaires qui discutaient avec animation autour de leur dessert.
Et c'est au moment où le regard de David se pose sur les hommes d'affaires que cela se produit. L'un d'eux, le visage congestionné par le sang, bougea convulsivement et tenta de se lever. L'autre, en criant, tendit un bras dans un vague geste d'aide, mais le premier s'était déjà effondré sur son siège et commençait à glisser sous la table..
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La traduction de Guy Abadia pour la BIBLIOTHEQUE VERTE en 1977.
CHAPITRE PREMIER
LES PRUNES DE MARS
JIM SPARK était juste en train de le regarder. Tout s’était déroulé en l’espace de quelques secondes, sous ses yeux. Il l’avait vu littéralement mourir.
Jim attendait le docteur Henry dans le cadre luxueux du Suprême, le nouveau restaurant d’Intersolar City. Il pouvait profiter pleinement de ces instants de détente, maintenant qu’il avait obtenu son diplôme et qu’il avait été dûment accrédité comme membre du Grand Conseil scientifique.
Le docteur Henry était en retard, mais Jim ne s’en plaignait pas. La grande salle du Suprême resplendissait de l’éclat des peintures aux chromosilicones encore toutes fraîches. La clarté agréable dont elle était uniformément baignée ne provenait d’aucune source visible. Contre le mur, sur la table de Jim, un petit cube lumineux contenait la réplique en trois dimensions de l’orchestre dont la musique douce était diffusée en fond sonore. La baguette du chef d’orchestre traçait des arabesques qui étaient visibles au sein d’un minuscule halo de lumière. La table elle-même était du modèle « Sanito », le dernier cri dans le domaine des champs de force ; à l’exception d’un léger scintillement, d’ailleurs voulu, son plateau était totalement invisible.
Le regard calme de Jim fit le tour des autres tables, à moitié dissimulées dans leurs renfoncements muraux. Ce n’était pas qu’il s’ennuyait, mais il s’intéressait davantage aux gens qu’à n’importe lequel des raffinements scientifiques dont s’enorgueillissait Le Suprême. La télévision en relief et les champs de forces, qui étaient considérés comme des merveilles dix ans auparavant, commençaient à entrer dans les mœurs. Les êtres humains, en revanche, bien qu’ils n’aient gière changé depuis l’époque des Pyramides, demeuraient pleins de mystères insondables.
Il y avait là une jeune fille au visage très doux qui souriait à l’homme assis en face d’elle ; un père de famille à l’air endimanché entrain de programmer un menu sur la console de service tandis que sa femme et ses deux enfants l’observaient d’un œil grave ; deux hommes d’affaires qui discutaient avec animation en prenant leur dessert.
C’est alors que le drame se produisit. L’un des deux hommes, le visage soudain congestionné, se mit à faire des mouvements convulsufs en essayant de se lever. Son compagnon, poussant un cri étouffé, s’était dressé pou lui venir en aide, mais il était déjà trop tard. Le premier était retombé sur son siège et commençait à glisser sous la table.
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La traduction de Paul Couturiau pour LEFRANCQ en 1991.
1
LA PRUNE DE MARS
David Starr regardait l'homme, au moment précis où l’incident se produisit. Il le vit donc mourir.
David attendait patiemment le Dr Henree en savourant l’atmosphère du restaurant le plus moderne d’International City. Les deux hommes devaient célébrer l’obtention de son diplôme et sa nomination en tant que membre actif du Conseil Scientifique.
Attendre ne lui pesait pas. La peinture au chromosilicone, encore fraîche, donnait un aspect rutilant au Café Suprême. La lumière diffuse, éclairant uniformément la salle à manger, n’avait pas de source visible. A l’extrémité de la table de David se trouvait uin petit cube auto-lumineux contenant une minuscule réplique tridimensionnelle de l’orchestre dont la musique emplissait l’espace sonore. Le bâton du chef était un éclair d’un centimètre, et le plateau de la table du type Sanito, le dernier cri en matière d’utilisation des champs de forces ; il eût été parfaitement invisible sans l’effet de trame délibéré.
Le regard brun, paisible de David parcourait les autres tables à moitié dissimulées dans leurs alcôves ; il ne s’ennuyait pas, mais les gens l’intéressaient plus que les gadgets scientifiques du Café Suprême. La tri-télévision et les champs de force étaient révolutionnaires, il y a dix ans ; aujourd’hui, ils faisaient partie intégrante de la vie quotidienne. Les hommes, en revanche, ne changeaient pas, mais même aujourd’hui, dix mille ans après la construction des pyramides et cinq mille ans après l’explosion de la première bombe atomique, ils demeuraient un mystère insondable, une source inépuisable d’émerveillement.
Une jeune fille, fort élégante, riait de façon charmante, en écoutant son vis-à-vis ; un homme d’âge moyen, engoncé dans des vêtements trahissant le vacancier, enfonçait méticuleusement les boutons du robot-serveur pour lui passait sa commande, tandis que son épouse et ses deux enfants l’observaient avec gravité ; deux hommes d’affaires parlaient sur un ton animé en avalant leur dessert.
L’incident se produisit au moment précis où le regard de David se posa sur ces derniers . L’un d’eux, le visage congestionné, fut saisi de mouvement convulsifs, et tenta vainement de se relever. Les autres, poussant un cri de surprise, tendit le bras dans sa direction en un geste maladroit de secours, mais son compagnon était déjà retombé dans son fauteuil et glissait sous la table.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.
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- Détails
- Écrit par David Sicé
The Demolished Man (1952)
Sorti aux USA de janvier 1952 à mars 1952 dans le magazine Galaxy Science Fiction.
Sorti aux USA en 1953 chez DOUBLE DAY US (grand format).
Sorti en France en 1955 chez DENOEL FR (poche, traduction Jacques Papy).
Sorti en France le 7 octobre 2011 chez FOLIO SF (poche, traduction Patrick Marcel).
De Alfred Bester.
Résumé à venir.
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(traduction du texte original du magazine, 1952)
Sur Sol Double-3 (car l'oeil cosmique considère la Terre et sa Lune comme un système planétaire double) en janvier 2103, Edward Turnbul de l'Université Coates pour Enseignants décida d'explorer l'Enigme Hystérèse pour les besoins de sa thèse. Les Variations de Réaumur sur les équations posthumes de Einstein avait suggéré un paradoxe que personne ne s'était soucié d'explorer. La recherche atomique était passé outre; et qu'est-ce que sont les culs de sac de la Science sinon une source d'occupation sans conséquence pour les étudiants de dernière année? Turnbul étudia les travaux originaux, parcourut quelques rééditions et puis bricola le dispositif.
Voyez cela: un jeune homme grave, gras, maladif, un authentique barbant... Un Phi Beta Kappa anesthésiant ses frustrations dans un laboratoire...
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(texte original du magazine, 1952)
ON Sol Double-3 (for the cosmic eye sees Earth and her moon as a planetary binary) in January of 2103, Edward Turnbul of Coates Teachers College decided to explore the Hysterisis Enigma for his research thesis. The Reamur Variations on the Einstein post-mortem Equations had suggested a paradox which no one had bothered to explore. Atomic research had bypassed it; and what are the dead ends of science for if not to provide harmless occupation for graduate students? Turnbul studied the original research, ran a few duplications and then tinkered with the apparatus.
Get the picture: a serious young man, fat, sallow, a genuine bore... A Phi Beta Kappa anesthetising his frustrations in a laboratory...
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(texte original du roman)
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Explosion! Concussion! The vault doors burst open. And deep inside, the money is racked ready for pillage, rapine, loot. Who's that? Who's inside the vault? Oh God! The Man With No Face! Looking. Looming. Silent. Horrible. Run... Run...
Run, or I'll miss the Paris Pneumatique and that exquisite girl with her flower face and figure of passion. There's time if I run. But that isn't the Guard before the gate. Oh Christ! The Man With No Face. Looking. Looming. Silent. Don't scream. Stop screaming...
But I'm not screaming. I'm singing on a stage of sparkling marble while the music soars and the lights burn. But there's no one out there in the amphitheater. A great shadowed pit... empty except for one spectator. Silent. Staring. Looming. The Man With No Face.
And this time his scream had sound.
Ben Reich awoke.
He lay quietly in the hydropatlhic bed while his heart shuddered and his eyes focused at random on in the room, simulating a calm he could not feel. The walls of green jade, the nightlight in the porcelain mandarin whose head nodded interminably if you touched him, the multi-clock that radiated the time of three planets and six satellites, the bed itself, a crystal pool flowing with carbonated glycerine at ninety-nine point nine Fahrenheit.
The door opened softly and Jonas appeared in the gloom, a shadow in puce sleeping suit, a shade with the face of a horse and the bearing of an undertaker.
"Again?" Reich asked.
"Yes, Mr. Reich."
"Loud?"
"Very loud, sir. And terrified."
"God damn your jackass cars," Reich growled. "I'm never afraid."
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(traduction de Jacques Papy, 1955)
1
Explosion ! Fracas ! Ebranlement ! La porte de la chambre forte de la banque s'ouvre sous l'effet de la déflagration. Et, tout au fond, l'argent est entassé...
***