La ville sans soleil, le roman de 1973Feu vert livre / BD

La ville sans soleil (1973)

Sorti le 16 mars 1973, chez Robert Laffont, collection Plein Vent n°95, réédité en novembre 1978.

De Michel Grimaud ; préface d’Alain Bombard qui a conseillé et documenté les auteurs.

Pour adultes et adolescents.

(Prospective, presse) Nous sommes dans une petite ville industrielle dans la France des années 1980. La pollution de l'atmosphère y a pris des allures inquiétantes. Un groupe de jeunes essaie par tous les moyens de stopper la progression de ce mal qui menace la population dans son existence même. se heurte cependant à la résistance intéressée du principal industriel de la ville, propriétaire des usines les plus polluantes.

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Le texte original de Michel Grimaud, pour Laffont (Pleint Vent).

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LA VILLE

Aldo dédaigna l’ascenseur surchargé et dévala en courant les larges escaliers du building.

Au-dehors, un air lourd, épais, poisseux même, l’enveloppa d’un manteau chaud et gluant. Le soleil, dans ses efforts pour traverser la brume dense couvrant la ville, inondait les rues d’une lumière douloureuse à la vue. C’était un mois de mai sans fleurs et sans oiseaux. Aldo, qui était né dans la cité, ne lui connaissait qu’un ciel couvert, plus ou moins plombé selon les saisons.

Aldo avait dix-sept ans et rêvait justement d’éclosions et de pépiements. A grandes enjambées, l’adolescent se mit en route, empruntant l’artère principale. Centre de toutes les activités, c’était la voie que l’on montait ou redescendait pour la promenade. Elle passait par la grand-poste, s’élargissait en place devant la basilique, pour repartir et prendre fin à la gare.

Prénommée rue Droite par la sagesse des anciens, elle avait connu de nombreux avatars : baptisée alternativement et par tronçons du nom de généraux ou d’hommes de lettres, selon les maires qui s’étaient succédés aux commandes de la ville, elle était pourtant demeurée rue Droite pour le bon sens populaire, et l’on ignorait résolument les plaques contradictoires jalonnant son parcours.

Rue Droite, donc. Aldo marchait à grands pas. Comme il s’y attendait, en abordant le carrefour de la poste et des grands magasins, le garçon trouva une circulation piétonne et automobile inextricable. Il eut un mouvement d’humeur : il lui faudrait certainement vingt minutes pour sortir de là ! Les trottoirs n’étaient guère plus praticables que la chaussée, et, quelques pas plus loin, un important rassemblement endiguait tout espoir de progression. Aldo s’en approcha, curieux.

— Que se passe-t-il ?

Nul ne répondit à sa question et les badauds machinalement s’écartèrent pour lui livrer passage. Trois ouvriers installaient non sans peine une machine à sous d’un nouveau genre. Elle se présentait sous l’apparence d’un volumineux cylindre d’acier brillant, percé sur son pourtour et à diverses hauteurs, d’ouvertures circulaires ressemblant à des hublots et surmontés d’un panneau publicitaire sur lequel on pouvait lire :

Fatigue ? AIR VITAL !
Tête lourde ? AIR VITAL !
Malaise ? AIR VITAL !
AIR VITAL ! la seule arme efficace contre les maux de la vie moderne !
AIR VITAL ! la bouffée d’oxygène qui vous fait revivre !
AIR VITAL !

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.

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