Le Silmarillion, le roman de 1977Feu orange livre / BD

The Silmarillion (1977)

Notez bien que la parution de ce roman ou les corrections apporté par ses auteurs aux notes originales n’ont pas été approuvées par l’auteur original J.R.R. Tolkien et que l’auteur adaptateur Christopher Tolkien a toujours refusé la publication des notes originales.

Sorti en Angleterre le 9 septembre 1977 chez Allen & Unwill.
Traduit en français par Pierre Alien chez Christian Bourgeois en juin 1978, 1998, 2004, 2005, 14 octobre 2021 ;
réédité chez Pocket Littérature en octobre 1984, juillet 1986, août 1988, mars 1989, mars 1992, novembre 1999, novembre 2001, mars 2012, mai 2013.

De Christopher Tolkien assisté de Guy Gavriel Kay, d’après les notes de son père John Ronald Reuel Tolkien.

Pour adultes et adolescents.

(Fantasy allégorique) L’auteur raconte qu’il s’est perdu dans une forêt, et voulant s’en échapper par un col, en fut empêché par une (trois ?) bête féroce. Reculant il chute, et se réveille dans un lieu désert où il implore un premier fantôme de l’aider, celui du poète antique Virgile. Puis c’est au fantôme d’une jeune femme qu’il a aimé de le guider. Seulement pour survivre, il faudra passer par les Enfers, puis le Purgatoire, puis le Paradis, cercle après cercle.

*

Le texte original de Christopher Tolkien de 1977.

Chapter 20
Of the Fifth Battle:
Nirnaeth Arnoediad


It is said that Beren and Lúthien returned to the northern lands of Middle-earth, and dwelt together for a time as living man and woman; and they took up again their mortal form in Doriath. Those that saw them were both glad and fearful; and Lúthien went to Menegroth and healed the winter of Thingol with the touch of her hand. But Melian looked in her eyes and read the doom that was written there, and turned away; for she knew that a parting beyond the end of the world had come between them, and no grief of loss has been heavier than the grief of Melian the Maia in that hour.

Then Beren and Lúthien went forth alone, fearing neither thirst nor hunger; and they passed beyond the River Gelion into Ossiriand, and dwelt there in Tol Galen the green isle, in the midst of Adurant, until all tidings of them ceased. The Eldar afterwards called that country Dor Firn-i-Guinar, the Land of the Dead that Live; and there was born Dior Aranel the beautiful, who was after known as Dior Eluchíl, which is Thingol's Heir. No mortal man spoke ever again with Beren son of Barahir; and none saw Beren or Lúthien leave the world, or marked where at last their bodies lay.

In those days Maedhros son of Fëanor lifted up his heart, perceiving that Morgoth was not unassailable; for the deeds of Beren and Lúthien were sung in many songs throughout Beleriand. Yet Morgoth would destroy them all, one by one, if they could not again unite, and make new league and common council; and he began those counsels for the raising of the fortunes of the Eldar that are called the Union of Maedhros.

Yet the oath of Fëanor and the evil deeds that it had wrought did injury to the design of Maedhros, and he had less aid than should have been. Orodreth would not march forth at the word of any son of Fëanor, because of the deeds of Celegorm and Curufin; and the Elves of Nargothrond trusted still to defend their hidden stronghold by secrecy and stealth. Thence came only a small company, following Gwindor son of Guilin, a very valiant prince; and against the will of Orodreth he went to the northern war, because he grieved for the loss of Gelmir his brother in the Dagor Bragollach. They took the badge of the house of Fingolfin, and marched beneath the banners of Fingon; and they came never back, save one.

From Doriath came little help. For Maedhros and his brothers, being constrained by their oath, had before sent to Thingol and reminded him with haughty words of their claim, summoning him to yield the Silmaril, or become their enemy. Melian counselled him to surrender it; but the words of the sons of Fëanor were proud and threatening, and Thingol was filled with anger, thinking of the anguish of Lúthien and the blood of Beren whereby the jewel had been won, despite the malice of Celegorm and Curufin. And every day that he looked upon the Silmaril the more he desired to keep it for ever; for such was its power.

*

La traduction au plus proche.

Chapitre 20
De la cinquième bataille :
Nirnaeth Arnoediad


On raconte que Beren et Lúthien retournèrent dans les terres septentrionales de la Terre du Milieu, et qu'ils s’installèrent ensemble pour un temps comme un homme et une femme vivants ; et ils reprirent à nouveau leur forme mortelle à Doriath. Ceux qui les virent furent à la fois heureux et effrayés ; Lúthien se rendit à Menegroth et guérit l'hiver de Thingol du contact de sa main. Mais Melian regarda dans ses yeux et lut le destin qui y était écrit, et se détourna ; car elle savait qu'une séparation dépassant la fin du monde s'était produite entre eux, et aucun deuil n'aura été plus lourd que le chagrin de Melian la Maia alors.

Alors Beren et Lúthien allèrent seuls de l’avant, ne craignant ni la soif ni la faim ; ils passèrent la rivière Gelion en Ossiriand, et habitèrent Tol Galen, l'île verte, au milieu de l'Adurant, jusqu'à ce que toutes nouvelles d'eux aient cessé. Les Eldars appelèrent ensuite ce pays Dor Firn-i-Guinar, le pays des morts qui vivent ; et c'est là que naquit le beau Dior Aranel, qui fut ensuite connue sous le nom de Dior Eluchíl, c'est-à-dire l'héritier de Thingol. Aucun mortel ne parla jamais plus à Beren fils de Barahir, et aucun ne vit Beren ou Lúthien quitter le monde, ni ne marqua l'endroit où reposaient enfin leurs corps.

En ces jours-là, Maedhros, fils de Fëanor, allégea son cœur, en percevant que Morgoth n'était pas inattaquable, car les exploits de Beren et Lúthien étaient chantés dans de nombreuses chansons à travers Beleriand. Cependant Morgoth les détruirait tous, un par un, s'ils ne s'unissaient pas à nouveau, et ne formaient pas une nouvelle ligue et un nouveau conseil en commun ; et il commença à convoquer ces conseils pour améliorer le sort des Eldars, conseils désormais appelés l'Union de Maedhros.

Cependant, le serment de Fëanor et les méfaits que ce serment avait engendrés nuisèrent au projet de Maedhros, et il reçut moins de secours qu'il n'aurait dû. Orodreth ne voulait pas se mettre en marche aux ordres d'un fils de Fëanor, à cause des actes commis par Celegorm et Curufin ; et les Elfes de Nargothrond présentaient encore défendre leur forteresse par le secret et la discrétion. De là, n’arriva qu'une petite compagnie, menée par Gwindor, fils de Guilin, un prince très vaillant ; contre la volonté d'Orodreth, il partit à la guerre du Nord, car il souffrait de la perte de Gelmir, son frère, dans le Dagor Bragollach. Ils prirent l'insigne de la maison de Fingolfin, et marchèrent sous les bannières de Fingon ; et ils ne revenèrent jamais, sauf un.

De Doriath, ne vint que bien peu d'aide. Car Maedhros et ses frères, contraints par leur serment, avaient auparavant envoyé un message à Thingol et lui avaient rappelé avec des mots hautains leur revendication, le sommant de céder le Silmaril, ou de devenir leur ennemi. Melian lui conseilla de céder, mais les paroles des fils de Fëanor étaient fières et menaçantes, et Thingol fut rempli de colère, pensant à l'angoisse de Lúthien et au sang de Beren par lesquels le joyau avait été gagné, en dépit de la malice de Celegorm et Curufin. Et chaque jour qu'il regardait le Silmaril, il souhaitait davantage le garder à jamais, car tel était le pouvoir de celui-là.

*

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La traduction de Pierre Alien de 2010.

20
LA CINQUIEME BATAILLE :
NIRNAETH ARNOEDIAD


On dit que Beren et Lúthien revinrent dans les régions septentrionales des Terres du Milieu et qu’ils vécurent quelques temps comme de simples mortels avant de rentrer à Doriath. Ils y trouvè-rent un accueil fait de joie et de crainte mêlées. Lúthien vint à Menegroth et chassa l’hiver qui courbait Thingol en le touchant simplement de sa main. Mais Melian regarda ses yeux, y lut le sort qui l’attendait et se détourna. Elle comprit quel abîme les séparait désoàrmais, venu d’au-delà du monde et de sa vie, elle ne connut de douleur ni de perte aussi lourde qu’à cette heure.

Puis Beren et Lúthien s’en allèrent seuls et, ne craignant ni la faim ni la soif, ils passèrent le Gelion pour se rendre en Ossiriand où ils vécurent sur Tol Galen, l’île verte au milieu de l’Adurant, et on ne sut plus rien d’eux. Plus tard les Eldar appelèrent cette région Dor Firn-i-Guinar, le Pays des Morts-Vivants. Un enfant naquit, le beau Dior Aranel, appelé ensuite Dior Eluchil, l’héritier de Thingol. Nul mortel ne parla plus jamais avec Beren, fils de Barahir, et nul ne vit Beren ou Lúthien quitter ce monde ni ne put savoir où reposaient enfin leurs corps.

En ce temps-là, il arriva que Maedhros, un des fils de Fëanor, reprit courage et comprit que Morgoth n’était pas invulnérable car de nombreux chants célébraient à Beleriand les exploits de Beren et de Lúthien. Certes, Morgoth les détruiraient tous, les uns après les autres, s’ils restaient incapables de s’unir, de former une alliance nouvelle avec un conseil unique, et il entreprit de réunir ce conseil destiné à relever la fortune des Eldar, ce qu’on appela l’Union de Maedhros.

Mais le serment de Fëanor et ses conséquences maléfiques vinrent miner le projet de Maedhros, qui ne reçut pas toute l’aide qu’il avait escomptée. Orodreth ne voulait suivre aucun des fils de Fëanor, à cause de ce qu’avaient fait Celegorm et Curufin, et les Elfes de Nargothrond se fiaient encore à la ruse et au secret pour défendre leur forteresse cachée. Ils n’envoyèrent qu’un petit détachement, conduit par Gwindor, le fils de Guilin, un prince des plus vaillants. Il s’en vint à la guerre du nord contre le gré d’Orodreth, car il pleurait depuis Dagor Bragollach la perte de son frère Gelmir. Ils prirent le fanion de la maison de Fingolfin et s’avancèrent sous les bannières de Fingon pour ne jamais revenir, sauf un.

Rien ne vint de Doriath, ou presque. Maedhros et ses frères, tenus par leur serment, l’avaient pris de très haut avec Thingol, lui rappelant leurs exigences et lui ordonnant de leur rendre le Silmaril sous peine d’être leur ennemi. Melian lui conseilla de céder, mais les mots des fils de Fëanor étaient si pleins d’orgueil et de menace que Thingol fut pris de colère, se rappelant les souffrances de Lúthien et le sang de Beren dont le Silmaril avait été payé, malgré les crimes de Celegorm et de Curufin. Et chaque fois qu’il regardait le Silmaril, son désir grandissait de le garder toujours car, tel était le pouvoir du joyau.

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.

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