Le Village des damnés, le roman de 1957
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The Midwich Cuckoos (1957)
Notez que ce roman a deux titres en anglais comme en français : les Coucous de Midwich et le Village des Damnés.
Ici la page de ce blog consacré à l'excellente première adaptation filmée noir et blanc anglaise de 1960.
Ici la page de ce blog consacré à la lamentable série télévisée anglaise woke toxique de 2022.
Sorti aux USA en 1957 chez Michael Joseph,
Traduit en français en 1959 chez Denoël par Adrien Veillon.
Réédité en 1978, 1983, 1995 chez Denoël ;
Réédité en mai 2013 chez Lune d’Encres en omnibus joint avec le roman Chocky du même auteur.
De John Wyndham.
Pour adultes et adolescents.
Richard Gayford, romancier, fête un contrat d’édition à Londres avec son épouse Janet. Quand il revient chez lui à la campagne, la police de Midwich l’empêche de rejoindre son domicile au village de Midwich. Il passe outre en contournant le barrage à pied avec son épouse et s’écroule avec elle sans connaissance : depuis 10 heures 27 du soir, plus aucun être vivant n’est conscient. L’armée intervient et photographie un OVNI. Le lendemain, Midwich se réveille et la vie semble reprendre normalement. C’est alors que le scandale éclate : plusieurs femmes mariées et même une jeune fille mineures sont tombées enceintes, et ce n’est pas de leurs maris. Mais ces drames domestiques annonce en réalité une catastrophe épouvantable.
***
Un style efficace, un récit mené tambour battant, une idée de pure science-fiction parfaitement développée où les personnages ont des choix, analysent et tentent de résoudre efficacement un problème inédit. Suivant l’exemple de son grand frère, John Wyndham commence par signer des nouvelles pour le magazine Amazing Stories, aura plusieurs fois signé des romans de la qualité maximale à partir du Jour des Triffides de 1951, romans plusieurs fois adaptés pour le cinéma et pour la télévision. Le roman Le village des damnés / les coucous de Midwich a été superbement adapté au cinéma par Wolf Rilla en 1960, impressionnant considérablement le public et entraînant de nombreuses imitations, à voir absolument si possible après avoir lu le roman original.
***
Le texte original de John Wyndham (1957, chez Michael Joseph)
CHAPTER I
No Entry to Midwich
ONE of the luckiest accidents in my wife's life is that she happened to marry a man who was born on the 26th of September. But for that, we should both of us undoubtedly have been at home in Midwich on the night of the 26th — 27th, with consequences which, I have never ceased to be thankful, she was spared.
Because it was my birthday, however, and also to some extent because I had the day before received and signed a contract with an American publisher, we set off on the morning of the 26th for London, and a mild celebration. Very pleasant, too. A few satisfactory calls, lobster and Chablis at Wheeler's, Ustinov's latest extravaganza, a little supper, and so back to the hotel where Janet enjoyed the bathroom with that fascination which other people's plumbing always arouses in her.
Next morning, a leisurely departure on the way back to Midwich. A pause in Trayne, which is our nearest shopping town, for a few groceries; then on along the main road, through the village of Stouch, then the right-hand turn on to the secondary road for — But, no. Half the road is blocked by a pole from which dangles a notice 'ROAD CLOSED', and in the gap beside it stands a policeman who holds up his hand . . .
So I stop. The policeman advances to the offside of the car, I recognize him as a man from Trayne.
'Sorry, sir, but the road is closed.'
'You mean I'll have to go round by the Oppley Road?'
''Fraid that's closed, too, sir.'
'But —'
There is the sound of a horn behind.
"’F you wouldn't mind backing off a bit to the left, sir.'
Rather bewildered, I do as he asks, and past us and past him goes an army three-ton lorry with khaki-clad youths leaning over the sides.
'Revolution in Midwich?' I inquire.
'Manoeuvres,' he tells me. 'The road's impassable.'
'Not both roads surely? We live in Midwich, you know, Constable.'
'I know, sir. But there's no way there just now. 'F I was you, sir, I'd go back to Trayne till we get it clear. Can't have parking here, 'cause of getting things through.'
Janet opens the door on her side and picks up her shopping-bag.
'I'll walk on, and you come along when the road's clear,' she tells me.
The constable hesitates. Then he lowers his voice.
'Seein' as you live there, ma'am, I'll tell you — but it's confidential like. Tisn't no use tryin', ma'am. Nobody can't get into Midwich, an' that's a fact.'
We stare at him.
'But why on earth not?' says Janet.
'That's just what they're tryin' to find out, ma'am. Now, 'f you was to go to the Eagle in Trayne, I'll see you're informed as soon as the road's clear.'
Janet and I looked at one another.
'Well,' she said to the constable, 'it seems very queer, but if you're quite sure we can't get through . . .'
***
La traduction au plus proche
CHAPITRE I
Pas d’accès à Midwich
L'un des accidents les plus heureux de la vie de ma femme est qu'elle a épousé un homme né le 26 septembre. Sans cela, nous aurions sans doute été tous les deux à la maison, à Midwich, dans la nuit du 26 au 27, avec des conséquences dont, je n'ai jamais cessé de lui être reconnaissant : elle fut épargnée.
Mais comme c'était mon anniversaire, et aussi, dans une certaine mesure, parce que j'avais reçu et signé la veille un contrat avec un éditeur américain, nous sommes partis le 26 au matin pour Londres, et une fête sans excès. Très agréable, également. Quelques appels satisfaisants, du homard et du chablis chez Wheeler's, le dernier spectacle d'Ustinov, un petit souper, puis retour à l'hôtel où Janet a profité de la salle de bains avec cette fascination que suscite toujours chez elle la plomberie des autres.
Le lendemain matin, départ tranquille sur le chemin du retour vers Midwich. Une pause à Trayne, qui est notre ville commerçante la plus proche, pour faire quelques courses alimentaires ; puis la route principale, la traversée du village de Stouch, puis le virage à droite sur la route secondaire pour — Mais non. La moitié de la route est bloquée par une barre d'où pendouille un bandeau "ROUTE FERMEE", et dans l'espace à côté se tient un policier qui lève la main....
Alors je m'arrête. Le policier s'avance le long du côté gauche de la voiture, je le reconnais comme un homme de Trayne.
— Désolé, monsieur, mais la route est barrée.
— Vous voulez dire que je vais devoir faire le tour par Oppley Road ?
— J'ai bien peur que ce soit aussi barrée, monsieur.'
— Mais...
Il y a le son d'un klaxon derrière.
— Siouplait, reculez un peu sur la gauche, monsieur.
Plutôt perplexe, je fais ce qu'il demande, et un camion de trois tonnes de l'armée passe devant nous et devant lui, avec des jeunes vêtus de kaki penchés sur les côtés.
— La révolution à Midwich ? Je demande.
— Des manœuvres, il me répond. La route est impraticable.
— Sûrement pas les deux routes ? On vit à Midwich, vous savez, monsieur l’Agent.
— Je sais, monsieur. Mais il n'y a simplement aucun moyen pour y aller en ce moment. Si j'tais vous, monsieur, je retournerais à Trayne jusqu'à ce que ce soit dégagé. On ne peut pas se garer ici, pass’qu'il faut faire passer les trucs.
Janet ouvre la portière de son côté et prend son sac à provisions.
— Je vais continuer à pieds, et tu me rejoindras quand la route sera libre, elle me dit.
L'agent de police hésite. Puis il baisse la voix.
— Puisqu’ vous habitez là, m’dame, je vous l’dis — mais c'est confidentiel. Ça sert vraiment à rien d'essayer, m’dame. Personne ne peut entrer dans Midwich, et c't’un fait.
Nous le regardons fixement.
— Mais par le ciel, pourquoi pas ? demanda Janet.
— C'est justement c’ qu'ils essaient de trouver, m’dame. Maint’nant si vous alliez à l’Aigle à Trayne, je vous f’rais prévenir dès que la route s’ra libre.
Janet et moi nous regardâmes.
— Eh bien, dit-elle alors à l'agent, ça a l’air vraiment bizarre, mais si vous êtes certain que nous n’arriverons pas à passer...
***
La traduction française de 1959 de Adrien Veillon pour Denoël
Chapitre 1
Défense d’entrer à Midwich
Un des plus grands bonheurs de ma femme a été d’épouser un homme né un 26 septembre. Sans cela, nous aurions sûrement passé la nuit du 26 au 27 chez nous à Midwich, ce qui eût entraîné des conséquences qui, Dieu merci, lui ont été épargnées.
Comme c’était mon anniversaire, et que d’autre part il se trouvait que la veille, j’avais reçu et signé un contrat avec un éditeur américain, nous partîmes dans la matinée du 26 pour fêter à Londres l’une et l’autre circonstance. Ce fut charmant. Quelques visites utiles, du homard, au Chablis chez Wheeler, ensuite au spectacle, pour voir la dernière invention d’Ustinov, et après un souper fin, le retour à l’hôtel où Janet, ma femme, ne manqua pas de s’extasier sur le confort de la salle de bain, ce qu’elle fait toujours hors de chez elles.
Sans nous presser, le lendemain, nous rentrâmes à Midwich. Un arrêt chez l’épicier à Trayne, qui est notre centre de ravitaillement le plus proche. Nous reprîmes ensuite la route rpincipale traversant le village de Stouch, puis nous virâmes à droite en direction de… Mais non. Au milieu de la route, était dressé un écriteau : « Route barrée. » Près du poteau, se tenait un policier. Il leva la main.
Je stoppai. Le policier avança vers ma portière, je le reconnus, il était de Trayne.
— Désolé, Monsieur, mais la route est barrée.
— Vous voulez dire qu’il faut que je fasse le tour par la route d’Oppley ?
— J’ai bien peur qu’elle ne soit aussi fermée, Monsieur.
— Mais…
Derrière nous, un coup de klaxon.
— Serrez à gauche, s’il vous plaît, Monsieur.
Assez décontenancé, j’obtempérai, et un camion militaire de trois tonne nous dépassa. Des jeunes en khaki se penchaient sur les côtés.
— Révolution à Midwich ? demandai-je.
— Manœuvres, me répondit-il. On ne peut pas emprunter la route.
— Pas les deux routes ? Vous savez, constable, que nous habitons Midwhich.
— Je le sais, Je le sais, Monsieur, mais on ne peut pas y aller maintenant. Si j’étais vous, Monsieur, je retournerai à Trayne, jusqu’à ce que la route soit libre. Je ne peux pas vous laisser stationner ici à cause de la circulation.
Janet ouvrit la porte et ramassa son panier à provision.
— J’irai à pieds et tu me rejoindras quand la route sera libre, me dit-elle.
Le constable hésita. Puis il baissa la voix.
— Puisque vous habitez là-bas, Madame — mais ce que je vous dis est en quelque sorte confidentiel — il est inutile d’essayer, Madame, personne ne peut aller à Midwich, je vous l’assure.
Nous le regardâmes bouche-bée.
— Mais au nom du ciel, pourquoi ? dit Janet.
— C’est justement ce qu’ils sont en train de chercher à savoir. Maintenant, à votre place, j’irais à l’hôtel de l’Aigle, à Trayne, en attendant ; je m’arrangerai pour vous faire savoir quand la route sera libre.
Janet et moi nous nous regardâmes.
— Eh bien, dit-elle au constable, tout cela paraît bien étrange, mais si vous êtes tout à fait certain que nous ne pouvons pas y aller…
***
L’œil dans le ciel, le roman de Philip K. Dick de 1957
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Eye In The Sky (1957)
Titre français : L’œil dans le ciel.
Autre titre : Les Mondes divergents.
Sorti aux USA en 1957,
Traduit en France par Gérard Klein sous le titre les mondes divergents en 1959 dans la revue Les Cahiers de la science-fiction aka Satellite,
Réédité en 1976 dans la collection Ailleurs et Demain chez Robert Laffont,
Réédité en poche chez J’ai Lu en 1981,
Réédité au Livre de poche en 1988.
De Philip K. Dick.
Pour adultes et adolescents.
(presse) Lors d'une visite au Bevatron (fictif) de Belmont, en 1959, année du futur proche du roman de 1957, huit personnes se retrouvent coincées dans une série de mondes subtilement et pas si subtilement irréels. L'incident déclencheur est un dysfonctionnement de l'accélérateur de particules, qui place tous les blessés dans des états d'inconscience totale ou partielle.
Jack Hamilton est licencié de son travail aux California Maintenance Labs en raison de la paranoïa de l'ère McCarthy concernant les sympathies politiques de gauche de sa femme Marsha ; ce licenciement est provoqué par le chef de la sécurité Charlie McFeyffe. Bill Laws, un Afro-Américain titulaire d'un doctorat en physique, est employé comme simple guide touristique pour le Bevatron.
Arthur Sylvester est un vieux conservateur politique qui croit en une cosmologie géocentrique obsolète, dérivée d'un rejeton bábí schismatique. Joan Reiss est une femme pathologiquement paranoïaque, et Edith Pritchet est une vieille femme maternelle mais censurée. Son fils David, ainsi que Charlie McFeyffe, complètent le groupe de huit personnes.
Après la défaillance du Bevatron, les huit membres du groupe sont blessés par l'effondrement d'une passerelle et par des niveaux élevés de radiation. Ils se réveillent dans un monde où les miracles, les prières et les malédictions sont monnaie courante. Hamilton et Charles McFeyffe voyagent au paradis et aperçoivent un œil gargantuesque de Dieu..
***
Le texte original de Philip K. Dick en 1957
ONE
The proton beam deflector of the Belmont Bevatron betrayed its inventors at four o’clock in the afternoon of October 2, 1959. What happened next happened instantly. No longer adequately deflected—and therefore no longer under control—the six billion volt beam radiated upward toward the roof the chamber, incinerating, along its way, an observation platform overlooking the doughnut-shaped magnet.
There were eight people standing on the platform at the time: a group of sight-seers and their guide. Deprived of their platform, the eight persons fell to the floor of the Bevatron chamber and lay in a state of injury and shock until the magnetic field had been drained and the hard radiation partially neutralized.
Of the eight, four required hospitalization. Two, less severely burned, remained for indefinite observation. The remaining two were examined, treated, and then released. Local newspapers in San Francisco and Oakland reported the event. Lawyers for the victims drew up the beginnings of lawsuits.
Several officials connected with the Bevatron landed on the scrap heap, along with the Wilcox-Jones Deflection System and its enthusiastic inventors. Workmen appeared and began repairing the physical damage.
The incident had taken only a few moments. At 4:00 the faulty deflection had begun, and at 4:02 eight people had plunged sixty feet through the fantastically charged proton beam as it radiated from the circular internal chamber of the magnet. The guide, a young Negro, fell first and was the first to strike the floor of the chamber. The last to fall was a young technician from the nearby guided missile plant. As the group had been led out onto the platform he had broken away from his companions, turned back toward the hallway and fumbled in his pocket for his cigarettes.
Probably if he hadn’t leaped forward to grab for his wife, he wouldn’t have gone with the rest. That was the last clear memory: dropping his cigarettes and groping futilely to catch hold of Marsha’s fluttering, drifting coat sleeve…
*
Traduction au plus proche
UN
Le déflecteur du faisceau de protons du Bevatron de Belmont auara trahi ses inventeurs à quatre heures de l'après-midi du 2 octobre 1959. Ce arriva ensuite eut lieu instantanément. N'étant plus correctement dévié — et donc désormais hors contrôle — le faisceau de six milliards de volts rayonna vers le haut, tout droit vers le toit de la chambre, incinérant sur son passage une plate-forme d'observation qui surplombait l'aimant en forme de beignet.
Il y avait huit personnes qui se tenait sur la plate-forme à cet instant : un groupe de touristes et leur guide. Privées de leur plate-forme, les huit personnes chutèrent sur le sol de la chambre du Bevatron et y restèrent gisant en état de blessure et de choc jusqu'à ce que le champ magnétique ait épuisé son énergie et les radiations dures soient partiellement neutralisées.
Sur les huit, quatre devaient être hospitalisées. Deux, moins gravement brûlés, sont restés en observation pour une durée indéterminée. Les deux derniers furent été examinés, soignés, puis relâchés. Les journaux locaux de San Francisco et d'Oakland rapportèrent l'événement. Les avocats des victimes préparèrent les premières actions en justice.
Plusieurs fonctionnaires liés au Bevatron débarquèrent pour visiter sur le tas de ruines, ainsi que sur le système de déflexion Wilcox-Jones et ses enthousiastes inventeurs. Des ouvriers arrivèrent et commencèrent à réparer les dommages matériels.
L'incident n'avait duré que quelques instants. À 4 heures, la déflection défectueuse avait commencé, et à 4 heures 02, huit personnes avaient plongé de 18 mètres à travers le faisceau de protons fantastiquement chargé qui rayonnait depuis la chambre interne circulaire de l'aimant. Le guide, un jeune Noir, tomba le premier et fut le premier à heurter le sol de la chambre. Le dernier à tomber fut un jeune technicien de l'usine de missiles guidés voisine. Lorsque le groupe avait été conduit sur la plate-forme, il s'est détaché de ses compagnons, s'en était retourné vers le couloir et avait fouillé sa poche à la recherche de cigarettes.
S'il n'avait pas fait un bond en avant pour attraper sa femme, il n’aurait sans doute pas été emporté avec les autres. C'était son dernier souvenir clair : lâcher ses cigarettes et tenter futilement d’agripper pour rattraper la manche palpitante du manteau flottant à la dérive de Marsha ...
***
La traduction française de Gérard Klein pour Laffont, J’ai Lu, Le Livre de Poche.
Le déflecteur du faisceau protonique du bévatron de Belmont trahit ses inventeurs le 2 octobre 1959, à quatre heures de l’après-midi. Ce qui se produisit, ensuite, ne dura qu’un instant. N’étant plus convenablement réfléchi, et ne se trouvant donc plus contrôlé, l’arc de six milliards de volts jaillit vers le plafond de la salle, brûlant tout sur son passage, et notamment une plate-forme d’observation qui surmontait le puissant aimant torique. Huit personnes se trouvaient à ce moment-là sur la plate-forme : un groupe de visiteurs et leur guide. Lorsque la plate-forme s’effondra, les huit personnes tombèrent sur le sol de la salle du bévatron et y restèrent, blessées ou plongées dans le coma, jusqu’à ce que le champ magnétique ait été interrompu et les radiations dures partiellement absorbées.
Sur les huit, quatre réclamaient une hospitalisation. Deux autres, moins gravement brûlées, restèrent sur place pour un examen approfondi. Les deux dernières, enfin, furent examinées, soignées et purent rentrer chez elles. Les journaux locaux, à San Francisco et Oakland, rapportèrent l’accident. Des avocats commencèrent à entamer des actions pour le compte des victimes. Quelques officiels furent lâchés sur le tas de débris qui contenait à la fois les restes du déflecteur Wilcox-Jones et ceux de ses brillants inventeurs. Des ouvriers arrivèrent et se mirent à réparer les dégâts matériels.
L’accident avait duré peu de temps. A quatre heures, il avait débuté, et à quatre heures deux minutes, huit personnes avaient fait une chute de soixante pieds au travers le faisceau de protons émanant de la chambre circulaire interne de l’électro-aimant. Le guide, un jeune Noir, tomba le premier et fut aussi le premier à toucher le sol. Le dernier qui tomba fut un jeune technicien de la toute proche usine de fusées. Lorsque le groupe avait été conduit sur la plate-forme, il s’était écarté de ses compagnons, regagnait l’entrée et fouillait ses poches en quête de cigarettes.
S’il ne s’était pas précipité en avant pour rattraper sa femme, il ne serait sans doute pas tombé avec les autres. C’était son dernier souvenir net : lâcher ses cigarettes et plonger en avant dans l’espoir vain de saisir le pan flottant du manteau de Marsha.
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Rendez-vous avec la Peur, le film de 1957
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Ici la page Amazon.fr du blu-ray français de Rendez-vous avec la Peur (1957)
Night of The Demon (1957)
Traduction du titre original : La Nuit du Démon.
Autre titre : Curse of The Demon.
Sorti en Angleterre le 17 décembre 1957.
Sorti aux USA en juin 1958.
Sorti en blu-ray français le 27 novembre 2013 (multi-régions, version française et anglaise incluses DTS HD MA 2.0, sous-titres non forcés).
De Jacques Tourneur ; sur un scénario de Charles Bennett et Hal E. Chester ; d'après la nouvelle Casting the Runes (1911) de M.R. James ; avec Dana Andrews, Peggy Cummins, Niall MacGinnis, Maurice Denham, Athene Seyler, Liam Redmond, Reginald Beckwith, Ewan Roberts, Peter Elliott, Rosamund Greenwood, Brian Wilde, Richard Leech, Lloyd Lamble.
Pour adultes et adolescents.
Cela a été écrit depuis le commencement des temps, même sur les anciennes pierres dressées de Stonehenge, que les créatures malfaisantes surnaturelles existent, dans un monde d'obscurité. Et il est aussi dit que les humains qui utilisent le pouvoir magique des anciens symboles runiques peuvent appeler ces anciennes forces des ténèbres, les démons de l'Enfer. A travers les âges, les humains ont redouté et vénéré ces créatures. La pratique de la sorcellerie, le culte du Mal a résisté, et persisté jusqu'à ce jour.
Une voiture file de nuit sur une route au milieu de la forêt, avec comme seule source d'éclairage ses phares. L'homme finit par arrivé au portail grand ouvert de Lufford Hall. Il se gare devant le perron de l'imposante bâtisse et frappe à la porte. Un majordome vient ouvrir. Le chauffeur de la voiture se présente comme le professeur Harrington, et il veut voir d'urgence le docteur Julian Karsweld. Le majordome prétend que Karsweld n'est pas là, mais celui-ci arrive, et congédie sa mère qui proposait de faire du thé pour Harrington. La mère de Karsweld ayant quitté le salon, Harrington supplie Karsweld d'arrêter ce qu'il a commencé et Harrington admettra publiquement que Karswell avait raison et lui, Harrington, avait tort. Karswell lui répond que tout cela est très bien, mais que certaines choses sont plus faciles à lancer qu'à stopper. Harrington répète alors qu'il a vu et qu'il sait que c'est la réalité. Karswell répond calmement que c'est Harrington lui-même qui l'a entraîné dans un scandale publique et lui a répondu de faire en retour le pire dont il était capable, précisément ce que Karswell a faire. Harrington assure qu'il arrêtera l'enquête, et que lorsqu'un certain Holden arrivera en ville, Harrington lui dira qu'il a fait une erreur, et il rédigera un communiqué de presse. Mais Karswell ne veut plus de déclaration dans les journaux, seulement la paix pour lui et ses disciples. Ce que Harrington promet. Karswell estime alors que cela suffira. Comme Harrington lui demande à nouveau s'il arrêtera ce qui est en cours, la pendule sur la cheminée sonne neuf heures. Karswell demande alors si Harrington a encore le parchemin qu'il lui a donné. Harrington répond que non : les symboles runiques ont brûlé, il n'a rien pu faire pour l'empêcher. Alors Karswell le prend par l'épaule et le raccompagne vers la sortie : il fera tout ce qu'il pourra. Harrington est soulagé et remercie plusieurs fois Karswell.
Harrington repart en voiture dans la nuit et arrive à son propre portail, alors qu'un peu de brouillard s'est insinué sur la route. Il gare sa voiture dans l'abri-garage, mais alors qu'il va refermer la porte, il s'immobilise au son d'une espèce de terrible crécelle : une boule de feu se forme au-dessus de la route, et la silhouette impossible d'un démon cornu gigantesque émerge de l'incendie, marchant lourdement dans la direction de Harrington. Horrifié, Harrington rouvre la porte de son garage, redémarre sa voiture et tente un demi-tour précipité. Il percute le pilote électrique voisin, qui se couche sur la voiture. Harrington sort alors de la voiture et s'électrocute, empêtré dans les câbles. Le monstre arrive alors sur Harrington et approche sa patte griffue pour le saisir.
Au même moment, la pendule du docteur Karsweld sonne dix heures. Karswell ramasse alors un journal sur son bureau et le jette dans le feu de sa cheminée : le journal était ouvert à la page d'un article dont le titre était que Harrington avait promis d'exposer la secte d'adorateurs du Diable de Karswell à l'occasion d'une convention scientifique. Et à cette même minute, à bord d'un avion civil à hélices, John Holden, un éminent psychologue, tente de s'endormir, en protégeant ses yeux de la lumière qu'une passagère assise derrière lui a laissé allumée - à l'aide du journal qui annonce justement son arrivée prochaine à la Convention Internationale de Science de Londres.
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Oms en série, le roman de 1957
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Oms en série (1957)
Sorti en 1957 chez Fleuve Noir Anticipation.
Réédité chez Denoël Présence du futur en 1972, 1973, 1976, 1989, réédité chez Folio essai en 2000.
Adapté en dessin animé La planète sauvage 1973.
De Stefan Wul aka Lionel Hudson de son vrai nom Pierre Perrault.
Pour adultes et adolescents.
(planet opera, presse) Sur la planète Ygam, les Draags entretiennent les Oms comme animaux de compagnie. Ces Oms sont les lointains descendants des êtres humains originaires de la planète Terre ramenés en captivité sur Gamay. À sa naissance, le jeune Om Terr est adopté par une petite fille dénommée Tiwa et l'accompagne dans toutes ses activités. Lorsque la jeune Tiwa apprend ses leçons grâce à ses écouteurs d'instruction, le petit Om - qui dort sur ses genoux - assimile également toutes les connaissances inculquées à l'enfant draag. Dès que les parents de Tiwa s'aperçoivent que Terr récite spontanément des leçons entières, ils s'inquiètent et demandent à Tiwa de ne plus le faire participer à ses séances d'instruction. Le jeune Terr s'échappe alors en volant les écouteurs d'instructions et se retrouve dans un parc draag habité par des bandes d'Oms sauvages qui y vivent clandestinement et refusent la servitude.
*
Le texte original de Stefan Wul de 1957 pour Fleuve Noir Anticipation et Denoël Présence du Futur.
PREMIERE PARTIE
I.
En silence, le draag s’approcha du hunlot donnant sur la salle de nature. Sourian, il regarda jouer sa fille.
C’était une jolie petite fille draag, avec de grands yeux rouges, une fente nasale étroite, une bouche mobile et, de chaque côté de son crâne lisse, deux tympans translucides à force de finesse.
Elle courait sur le gazon, faisait des culbutes et se laissait rouler jusqu’à la piscine en poussant des cris de joie. Puis elle descendait sous l’eau le plus bas possible et prenait assez d’élan pour surgir, telle une fusée, jusqu’au plongeoir où elle s’accrochait du bout des doigts.
Comme elle recommençait pour la troisième fois son manège, elle manqua le plongeoir et dut déplier la membrane de ses bras pour planer jusqu’au gazon.
Elle resta un moment debout, rêvant à quelque nouveau jeu. Menue pour ses sept ans, elle n’avait que trois mètres de haut.
Son père entra dans la salle de nature et s’avança vers elle. Il la prit par la main, souriant toujours. Elle leva la tête vers lui.
— Je t’avais promis une surprise, dit le draag.
Elle resta un moment immobile, puis, ses yeux rouges s’allumant de joie, elle serra de ses vingt petits doigts la main de son père, et cria :
— L’ome du voisin a eu son petit !
— Elle en a eu deux, dit le draag. C’est assez rare. Nous te choisirons le plus beau. Ou plutôt non, tu le choisiras toi-même.
Elle tira le bras de son père en trépignant.
— Vite, père, emmène-moi les voir !
— Habille-toi d’abord, dit le draag en montrant la tunique abandonnée sur le gazon.
A la hâte, elle passa le mince vêtement et courut devant son père pour arriver plus vite. L’un, suivant l’autre, ils traversèrent le terre-plein les séparant de la demeure voisine.
— Vite, père, disait l’enfant dreeg en se haussant sur ses jambes pour essayer de toucher l’introducteur, simple plaque brillante fixée sur la porte.
— Tu es trop petite, ne t’énerve pas, dit le draag en touchant la main l’introducteur.
Le visage du voisin apparut sur la plaque et dit :
— Te voilà, Praw, je vois que tu m’amènes Tiwa.
— Et dans quel état d’impatience ! sourit Praw de sa large fente buccale.
La porte s’ouvrit devant les visiteurs. Le voisin les attendait, debout à l’entrée de la salle de nature. Il déplia poliment ses membranes en étendant les bras.
— Bonheur sur toi, Praw.
—Bonheur sur toi, Faoz, répondit le père de Tiwa.
Déjà, se coulant sous les jambes du voisin, la petite courait sur le gazon. Son père la rappela, mi-indulgent, mi-sévère.
—Tiwa ! tu n’a pas salué.
Tiwa déplia rapidement une membrane.
—Bonheur ..., dit-elle. Oh ! voisin Faoz, où sont-ils ? Où sont les petits Oms ?
De son gros œil rouge, Faoz fit un signe complice à Praw.
—Par ici, dit-il en traversant la salle.
Ils passèrent plusieurs portes et entrèrent dans une petite omerie où flottait une légère odeur animale, malgré la propreté immaculée des lieux.
Étendue sur un coussin, une ome allaitait ses deux petits. Elle les tenait serrés contre elle dans ses bras repliés, tandis qu’ils suçaient goulûment ses deux mamelles.
Tiwa se pencha en avant pour les voirs de plus près.
— Oh ! dit-il, ils n’ont presque pas de poils sur la tête !
— Quand ils ‘agit d’un om, on dit des cheveux, et non des poils, précisa Praw. Ils viennent de naître, leurs cheveux pousseront par la suite.
Elle regarda les longs cheveux blonds de la mère.
— Est-ce qu’ils auront des cheveux dorés, comme leur maman ?
— Certainement, dit Faoz, le père était aussi de race dorée.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.
***
La peur géante, le roman de 1957
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La peur géante (1957)
Sorti en août 1957 chez FLEUVE NOIR ANTICIPATION FR,
Réédité en grand format en 1978,
Réédité en poche en février 1994 chez DENOEL FR, réédité en avril 1998,
Réédité en omnibus en juin 1996 chez LEFRANCQ BE, le 2 juin 2021 chez BRAGELONNE FR.
Adapté en bande dessinée en trois parties le 21 octobre 2013 par Lapière / Raynès chez ANKAMA FR.
De Stefan Wul (alias Pierre Pairault, autre pseudonyme : Lionel Hudson).
Pour adultes et adolescents.
(prospective, apocalypse) Bruno Daix, ingénieur en réfrigération dans une Afrique française futuriste utopique, voit ses vacances perturbées par un problème en apparence anodin : la glace ne se forme plus à zéro degré, ce qui provoque des réclamations chez la clientèle des frigoristes et conditionneurs d’air. En fait, la glace ne se forme plus du tout — et la gravité extrême du fait se révèle brutalement en la forme d’une monstrueuse vague provoquée par la liquéfa ction des calottes polaires – balayant tout sur son passage.
Le texte original de 1957 de Stefan Wul pour Fleuve Noir et Denoël.
CHAPITRE PREMIER
L’année 2157 vit la plus grande catastrophe affectant l’humanité depuis les temps bibliques. L’attaque, car c’en était une, commença de façon insidieuse par quelques pannes de réfrigérateurs.
Ce matin-là, Bruno Daix sortit de sa douche en sifflotant. Il s’avança sur sa terrasse en se frictionnant le torse au Floréthyl et contempla sa ville.
In Salah, capitale du Sahara et deuxième ville d’Afrance, dressait de toutes parts à l’assaut du ciel ses immeubles éclatants de blancheur. Bizarrement surmonté d’un jardin-terrasse, chaque bâtiment ressemblait à un géant glabre, coiffé d’une chevelure de feuillage.
Partout, des ponts de plastique franchissaient d’un seul élan des rues taillées en abîmes et d’où montait déjà le murmure de la circulation.
Tiède de soleil, le sol de la terrasse chauffa délicieusement les pieds nus de Bruno Daix. Il sourit de plaisir, posa son flacon de Floréthyl sur le carrelage et pencha une tête heureuse et rasée de près entre la joue épineuse d’un cactus et la caresse d’une palme.
De si haut, la végétation du square lui parut un matelas de coton vert. Il eut l’impression de pouvoir y sauter impunément, s’amusa un instant à imaginer une chute moelleuse, puis laissa errer son regard le long de l’immeuble d’en face, véritable falaise de polystyrène, criblée de fenêtres et constellée de stores multicolores.
Plus haut, des hélicoptères bourdonnaient dans le ciel bleu comme un essaim d’abeilles métalliques.
Au loin, entre les silhouettes rectilignes des buildings et l’entrelacs des ponts, on devinait le miroitement du lac sous une brume de chaleur violette.
Bruno Daix pensa qu’il allait faire très chaud et, fervent de sports nautiques, décida de faire un polyparcours avant de partir en vacances.
Il ne se doutait pas que son destin s’approchait de lui par-derrière, sous la forme du visiophone qui l’avait cherché dans tout l’appartement avant d’explorer la terrasse. Sur ses roues caoutchoutées, l’appareil s’arrêta à un stad de lui et nasilla : « Patron, quelqu’un veut vous parler ! »
Bruno sursauta et, tournant la tête, considéra l’appareil d’un œil soupçonneux. « Qui ?
— M. Driss Bouira.
— Je m’en doutais ! Dis-lui que je suis déjà sorti. »
Il secoua les épaules avec mauvaise humeur et rentra dans sa chambre en se demandant ce que lui voulait son patron.
« Je suis en vacances, bougonna-t-il. Il veut me refaire le coup de dimanche dernier. Il se passera de moi, pour une fois ; Il y a assez d’ingénieurs capables aux usines Nivôse. Je suis en vacances depuis hier soir, j’ai dit ! Je vais faire un polyparcours. »
Tout en ronchonnant, il passa rapidement un survêtement climatisé et ressortit bientôt sur la terrasse.
Suivant une allée qui serpentait à l’ombre changeante des palmes, il atteignit le garage et sauta dans sa voiture, une Assoul de fabrication tunisienne ;
Le portail automatique claqua derrière lui tandis qu’il bondissait sur la piste menant au pont 7. Il doubla plusieurs engins, passa en trombe le virage lové autour de la massive Banque Saharienne et déboucha sur le pont à toute vitesse, avec la sensation subconsciente de fuir son patron.
Il dut ralentir aux abords de la Croix, où le pont 7 coupait la piste C comme pour marquer le centre de la ville ; Agacé par la lenteur de la circulation, il obliqua sur une voix de descente et se laissa glisser en colimaçon jusqu’au pont inférieur bordé de panneaux publicitaires aux couleurs criardes, puis il plongea dans le tunnel à grande circulation, traversa toute la ville en un quart d’heure et resurgit au soleil dans la verdoyante banlieue.
En quelques minutes, il fut à destination…
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.
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