La Chute de la Maison Usher, la nouvelle de 1839Feu vert livre / BD

The Fall Of the House Of Usher (1839)

Sorti aux USA en septembre 1839 dans le magazine mensuel pour les Gentlemen de William Evans Burton de Philadelphie.
Traduit en français par Charles Baudelaire en 1884. Très nombreuses éditions françaises sous les titres Contes étranges, Histoires extraordinaires et Nouvelle Histoires Extraordinaires. La nouvelle inclue le poème Le Palais Hanté.

De Edgar Allan Poe.

Pour adultes et adolescents.

(horreur totale) un ami d’enfance rend visite à Roderick et Madeline Usher, un frère et une sœur jumelle atteints de dépression, un mal apparemment héréditaire.

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Le texte original d’Edgar Allan Poe de 1839 pour le magazine Burton.
Domaine public.

THE FALL OF THE HOUSE OF USHER
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BY EDGAR A. POE.
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During the whole of a dull, dark, and soundless day in the autumn of the year, when the clouds hang oppressively low in the heavens, I had been passing alone, on horseback, through a singularly dreary tract of country ; and at length found myself, as the shades of the evening drew on, within view of the melancholy House of Usher. I know not how it was—but, with the first glimpse of the building, a sense of insufferable gloom pervaded my spirit. I say insufferable ; for the feeling: was unrelieved by any of that hnlf-pleasurable, because poetic, sentiment, with which the mind usually receives even the sternest naitural images of the desolate or terrible.

I looked upon the scene before me—upon the meree house, and the simple landscape features of the domain—upon the bleak walls—upon the vacant eye-like windows—upon a few rank sedges—and upon a few white trunks of decayed trees—with an utter depression of soul which I can compare to no earthly sensation more properly than to the after-dream of the reveller upon opium—the bitter lapse into common life—the hideous dropping off of the veil. There was an iciness, a sinking, a sickening of the heart—an unredeemed dreariness of thought which no goading of the imagination could torture into aught of the sublime.

What was it—I paused to think—what was it that so unnerved me in the contemplation of the House of Usher ? It was a mystery all insoluble ; nor could I grapple with the shadowy fancies that crowded upon me as I pondered. I was forced to fall back upon the unsatisfactory conclusion, that while, beyond doubt, there are combinations of very simple natural objects which have the power of thus affecting us, still the reason, and the analysis, of this power, lie among considerations beyond our depth. It was possible, I reflected, that a mere different arrangement of the particulars of the scene, of the details of the picture, would be sufficient to modify, or perhaps to annihilate its capacity for sorrowful impression ; and, acting upon this idea, I reined my horse to the precipitous brink of a black and lurid tarn that lay in unruffled lustre by the dwelling, and gazed down—but with a shudder even more thriving than before—upon the re-modeled and inverted images of the gray sedge, and the ghastly tree-stems, and the vacant and eye-like windows.

Nevertheless, in this mansion of gloom I now proposed to myself a sojourn of some weeks. Its proprietor, Roderick Usher, had been one of my boon companions in boyhood ; but many years had elapsed since our last meeting. A letter, however, had lately reached me in a distant part of the country—a letter from him—which, in its wildly importunate nature, had admitted of no other than a personal reply. The MS. gave evidence of nervous agitation. The writer spoke of acute bodily illness—of a pitiable mental idiosyncrasy which oppressed him—and of an earnest desire to see me, as his best, and indeed, his only persona! friend, with a view of attempting, by the cheerfulness of my society, some alleviation of his malady. It was the manner in which all this, and much more, was said—it was the apparent heart that went with his request—which allowed me no room for hesitation—and I accordingly obeyed, what I still considered a very singular summons, forthwith.

Sources :
Archive.org Burton's
Wikisource.


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La traduction au plus proche

LA CHUTE DE LA MAISON USHER
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PAR EDGAR A. POE.
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Pendant la totalité d’une triste, sombre et silencieuse journée duran l’automne de cette année-là, quand les nuages pesaient oppressivement bas dans les cieux, j’avais été à passer seul, à dos de cheval, par un chemin de terre de campagne singulièrement lugubre ; et à force me retrouvait, alors que les ombres du soir s’allongeaient, à portée de vue de la mélancolique maison des Ushers. Je ne sais comment cela se faisait—mais, au premer aperçu du bâtiment, un sentiment d’insoutenable tristesse infusa mon humeur. Je dis insoutenable, parce que le sentiment était sans aucun mélange de ces demi-plaisirs, induits par la poésie, par ces libres associations qui font que l’esprit habituellement accepte même les plus frustres images de désolation ou d’épreuve.

Je contemplais le paysage qui s’étalait devant moi—Ia maison isolée, et les attributs frustres de l’entour—les murs sordides , les fenêtres tels des yeux hagards—les rangées de broussailles—et les rares troncs blancs des arbres dépouillés—avec l’absolu dépression de l’âme que je ne pourrais plus exactement comparer à aucune sensation terrestre sinon à la descente de l’opiomane—l’amer retour à la vie ordinaire—l’hideuse révélation une fois le voile tombé. Il y avait le gel, puis le chavirement, et le retournement du cœur—un délavement irrémédiable de la pensée qu’aucun éperon de l’imagination n’aurait pu par la torture sublimer d’un seul degré du sublime.

Qu’est-ce qui—je fais halte pour y réfléchir—Qu’est-ce qui m’agaçait à ce point dans la contemplation de la Maison des Usher ? C’était un mystère des plus insoluble ; pas davantage je ne pouvais avoir prise sur les délires morbides qui grouillaient autour de moi comme je m’interrogeais. J’étais forcé d’en revenir à la conclusion frustrante, que tandis que, sans doute possible, la combinaison d’objets naturels très simples qui avaient le pouvoir de nous affecter de la sorte, la raison, l’analyse de ce pouvoir nous échappait encore. Il était possible, je réfléchissais, qu’un arrangement à peine différent des particularités de cette scène, des détails de l’image, auraient suffi à modifier, ou peut-être annulé sa capacité à imprimer le chagrin ; et suivant cette idée, je tirais sur les rênes, faisant reculer mon cheval jusqu’aux berges abruptes d’un trou d’eau noir et lugubre miroitant sans ride au bas de la demeure, et je baissait les yeux—m ais je fus parcouru d’un frisson encore plus prononcé qu’auparavant — à la vue des images remodelées et inversées des broussailles grises, des arbres squelettiques et des fenêtres telles des yeux hagards.

Néanmoins, dans ce manoir de détresse, je m’étais proposé désormais un séjour de quelques semaines. Son propriétaire, Roderick Usher, avait été l’un de mes bons compagnons d’enfance ; mais de nombreuses années s’étaient écoulées depuis notre dernière rencontre. Une lettre, toutefois, m’avait tantôt été remise dans une partie reculée du pays—une lettre de lui—laquelle, de par sa nature tout à fait dérangeante, ne pouvait admettre rien d’autre qu’une réponse personnelle. L’écriture en dénotait une agitation nerveveuse. L’auteur parlait d’une maladie physique aigue—d’une pitoyable tempérament qui l’oppressait—et du désir impérieux de me voir, en tant que son meilleur, et de fait, son seul ami proche, avec la visée de tenter, par la joie de ma société, de soulager quelque peu son mal. C’était la manière dans lequel tout cela et beaucoup plus était dit—le cœur qu’il avait apparemment mis dans sa requête—qui ne me laissait aucune place à l’hésitation—et, en conséquence, j’obéis à ce que je considérais encore comme une convocation très singulière — sans délai.

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La traduction de Charles Baudelaire de 1884 pour A. Quantin.
Domaine public.

LA CHUTE DE LA MAISON USHER
Son cœur est un luth suspendu ;
Sitôt qu’on le touche, il résonne.

DE BERANGER.

Pendant toute une journée d’automne, journée fuligineuse, sombre et muette, où les nuages pesaient lourd et bas dans le ciel, j’avais traversé seul et à cheval une étendue de pays singulièrement lugubre, et enfin, comme les ombres du soir approchaient, je me trouvai en vue de la mélancolique Maison Usher. Je ne sais comment cela se fit, — mais, au premier coup d’œil que je jetai sur le bâtiment, un sentiment d’insupportable tristesse pénétra mon âme. Je dis insupportable, car cette tristesse n’était nullement tempérée par une parcelle de ce sentiment dont l’essence poétique fait presque une volupté, et dont l’âme est généralement saisie en face des images naturelles les plus sombres de la désolation et de la terreur.

Je regardais le tableau placé devant moi, et, rien qu’à voir la maison et la perspective caractéristique de ce domaine, — les murs qui avaient froid, — les fenêtres semblables à des yeux distraits, — quelques bouquets de joncs vigoureux, — quelques troncs d’arbres blancs et dépéris, — j’éprouvais cet entier affaissement d’âme, qui, parmi les sensations terrestres, ne peut se mieux comparer qu’à l’arrière-rêverie du mangeur d’opium, — à son navrant retour à la vie journalière, — à l’horrible et lente retraite du voile. C’était une glace au cœur, un abattement, un malaise, — une irrémédiable tristesse de pensée qu’aucun aiguillon de l’imagination ne pouvait raviver ni pousser au grand.

Qu’était donc, — je m’arrêtai pour y penser, — qu’était donc ce je ne sais quoi qui m’énervait ainsi en contemplant la Maison Usher ? C’était un mystère tout à fait insoluble, et je ne pouvais pas lutter contre les pensées ténébreuses qui s’amoncelaient sur moi pendant que j’y réfléchissais. Je fus forcé de me rejeter dans cette conclusion peu satisfaisante, qu’il existe des combinaisons d’objets naturels très simples qui ont la puissance de nous affecter de cette sorte, et que l’analyse de cette puissance gît dans des considérations où nous perdrions pied. Il était possible, pensais-je, qu’une simple différence dans l’arrangement des matériaux de la décoration, des détails du tableau, suffit pour modifier, pour annihiler peut-être cette puissance d’impression douloureuse ; et, agissant d’après cette idée, je conduisis mon cheval vers le bord escarpé d’un noir et lugubre étang, qui, miroir immobile, s’étalait devant le bâtiment ; et je regardai — mais avec un frisson plus pénétrant encore que la première fois — les images répercutées et renversées des joncs grisâtres, des troncs d’arbres sinistres, et des fenêtres semblables à des yeux sans pensée.

C’était néanmoins dans cet habitacle de mélancolie que je me proposais de séjourner pendant quelques semaines. Son propriétaire, Roderick Usher, avait été l’un de mes bons camarades d’enfance ; mais plusieurs années s’étaient écoulées depuis notre dernière entrevue. Une lettre cependant m’était parvenue récemment dans une partie lointaine du pays, — une lettre de lui, — dont la tournure follement pressante n’admettait pas d’autre réponse que ma présence même. L’écriture portait la trace d’une agitation nerveuse. L’auteur de cette lettre me parlait d’une maladie physique aiguë, — d’une affection mentale qui l’oppressait, — et d’un ardent désir de me voir, comme étant son meilleur et véritablement son seul ami, — espérant trouver dans la joie de ma société quelque soulagement à son mal. C’était le ton dans lequel toutes ces choses et bien d’autres encore étaient dites, — c’était cette ouverture d’un cœur suppliant, qui ne me permettait pas l’hésitation : en conséquence, j’obéis immédiatement à ce que je considérais toutefois comme une invitation des plus singulières.

Source : Wikisource

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Foe, le remplaçant, le roman de 2018 de Iain ReidFeu orange livre / BD

Foe (2018)

Sorti aux USA le 7 août 2018 chez SIMON & SCHUSTER US.
Traduit en français le 4 novembre 2021 par Valérie Malfoy (grand format).
Réédité le 9 février 2023 chez POCKET FR (poche).
Adapté en film sous le titre Foe 2023.


Par Iain Reid.

Pour adultes et adolescents.

(prospective, presse) ans un futur proche, Junior et Henrietta vivent dans une ferme isolée, semblant fuir leurs congénères. Lorsqu'un homme en costume-cravate frappe à leur porte, ils sont loin d'imaginer ce qu'il vient leur annoncer : Junior a été sélectionné par la société OuterMore pour un séjour expérimental dans une station spatiale.

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Pourquoi divulgâcher le roman en l’affublant en français d’un titre un peu trop révélateur ? Il s’agit d’un mystère, en mode prospectif. Je n’ai pas eu le temps de lire le roman, il n’a pas l’air original, le coup de la ponctuation est cousu de fil blanc, mais logique. Là encore, un choix curieux de la traduction française a fait disparaître les guillemets pourtant logiques, pour les remplacer par le demi-quadratin qui ouvre une réplique quand l’éditeur veut s’économiser du caractère en zappant les guillemets, et que plus personne n’est capable de savoir comment on utilise des guillemets quand à proximité de signes de ponctuation. Les guillemets dans la version anglaise servent strictement à isoler les paroles des interlocuteurs du narrateur, pour une raison qui n’apparaît clairement que plus tard, dans un rebondissement très facile à prévoir pour quelqu’un qui lit régulièrement de la Science-fiction.

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Le texte original de Iain Reid de 2018 pour SIMON & SCHUSTER US.

ACT ONE

ARRIVAL

Two headlights. I wake to the sight of them. Odd because of the distinct green tint. Not the usual white headlights you see around here. I spot them through the window, at the end of the lane. I must have been in a kind of quasi slumber; an after-dinner daze brought on by a full stomach and the evening heat. I blink several times, attempting to focus.

There’s no warning, no explanation. I can’t hear the car from here. I just open my eyes and see the green lights. It’s like they appeared out of nowhere, shaking me from my daze. They are brighter than most headlights, glaring from between the two dead trees at the end of the lane. I don’t know the precise time, but it’s dark. It’s late. Too late for a visitor. Not that we get many of them.

We don’t get visitors. Never have. Not out here.

I stand, stretch my arms above my head. My lower back is stiff. I pick up the open bottle of beer that’s beside me, walk from my chair straight ahead several steps to the window. My shirt is unbuttoned, as it often is at this time of night. Nothing ever feels simple in this heat. Everything requires an effort. I’m waiting to see if, as I think, the car will stop, reverse back onto the road, continue on, and leave us alone, as it should.

But it doesn’t. The car stays where it is; the green lights are pointing my way. And then, after a long hesitation or reluctance or uncertainty, the car starts moving again, toward the house.

You expecting anyone? I yell to Hen.

“No,” she calls down from upstairs.

Of course she’s not. I don’t know why I asked. We’ve never had anyone show up at this time of night. Not ever. I take a swig of beer. It’s warm. I watch as the car drives all the way up to the house and pulls in beside my truck.

Well, you better come down here, I call again. Someone’s here.

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La traduction au plus proche

 ACTE UN

ARRIVÉE

Deux phares avant. Je me réveille à leur vue. Bizarres à cause de la teinte clairement verte. Pas les phares avant blancs ordinaire que l’on voit par ici. Je les repère à travers la fenêtre, au bout de l’allée. Je dois m’être trouvé dans un état de somnolence ; une hébétitude d’après dîner causé seulement par un estomac plein et la chaleur du soir. Je cligne des yeux plusieurs fois, pour tenter d’y voir clair.

Il n’y a pas d’avertissement, pas d’explication. Je ne peux pas entendre le véhicule depuis ici. J’ouvre juste mes yeux et je vois les phares verts. C’est comme s’ils avaient jailli de nulle part, pour me tirer de mon hébétitude. Ils brillent davantage que la plupart des phares avant, projetant leur lumière entre les deux arbres morts au bout de l’allée. Je ne connais pas l’heure précise, mais il fait noir. Il est tard. Trop tard pour un visiteur. Non pas que nous en ayons beaucoup.

Nous n’avons pas de visiteurs. Jamais. Pas dans ce trou perdu.

Je me lève, j’étire les bras au-dessus de ma tête. Le bas de mon dos est raide. Je ramasse la bouteille de bière ouverte à côté de moi. Ma chemise est déboutonnée comme souvent à cette heure de la nuit. Rien ne paraît simple dans cette chaleur. Tout réclame un effort. J’attend de voir si, comme je le pense, le véhicule va s’arrêter, repartir en marche arrière sur la route, reprendre son chemin, et nous laisser tranquille, comme il le devrait.

Mais il ne le fait pas. Le véhicule reste là où il est ; les phares verts braqués dans ma direction. Et puis, après une longue hésitation ou réticence ou incertitude, le véhicule reprend son avancée, droit sur la maison.

Tu attends quelqu’un ? Je crie à Hen.

« Non, » elle répond depuis le haut des escaliers.

Bien sûr que non. Je ne sais pas pourquoi j’ai demandé. Nous n’avons jamais eu quelqu’un se pointer à cette heure de la nuit. Pas une seule fois. Je prend une lampée de bière. Elle est tiède. Je regarde la voiture qui roule tout le long jusqu’à la maison et se range à côté de mon pick-up.

Eh bien, tu ferais mieux de descendre, j’appelle encore. Quelqu’un est là.

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Foe, le remplaçant, le roman de 2018 de Iain Reid Foe, le remplaçant, le roman de 2018 de Iain Reid

La traduction de Valérie Malfoy de 2021 pour PRESSES DE LA CITE FR

ACTE I

Arrivée

Deux phares. C’est ma vision à mon réveil. Bizarre, cette teinte verte. Pas les phares blancs classiques en usage par ici. Je les repère par la fenêtre, au bout du chemin. Je devais être plongé dans une quasi-torpeur, un téat second engendré par la chaleur nocturne et un estomac plein, et mes yeux s’écarquillent.

Je n’ai pas entendu le moteur, pas été alerté. Mes paupières se sont juste soulevées – et voilà. A croire qu’ils ont surgi de nulle part pour m’arracher à ma léthargie. Ils sont plus brillants que la normale, d’une intensité aveuglante entre les deux arbres morts qui marquent l’entrée de la propriété. Je n’ai aucune idée de l’heure, mais le jour est tombé ; il est tard. Trop tard pour une visite. D’ailleurs, nous avons rarement de la visite.

Personne ne vient nous voir. Jamais. Nous vivons à l’écart.

Je quitte mon fauteuil, m’étire, le dos un peu raide. Puis, emportant ma canette de bière entamée, je marche droit vers la fenêtre. Ma liquette est déboutonnée, comme souvent à cette heure de la journée. Rien n’est facile avec cette canicule, tout nécessite un effort. J’attends de voir si, comme je le pense, le conducteur va se raviser, reculer jusqu’à la route et nous laisser en paix.

Non. La grosse berline stationne, avec ses phares verts braqués dan ma direction. Ensuite, comme après une longue hésitation – réticence ou incertitude –, elle se remet à avancer. Je crie vers le palier :

Hen, tu attends quelqu’un ?

— Non !

Bien sûr. A se demander pourquoi j’ai posé la question. Personne ne s’est jamais pointé ici aussi tard. Jamais. Je prends une bonne gorgée de bière. Tiède. La voiture roule jusqu’à la maison et se gare près de mon pick-up.

Viens quand même. Il y a quelqu’un, dis-je.

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.

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ImageFeu vert livre / BD

La Famille Vourdalak (1852)

Cette nouvelle a été adapté au cinéma sous les titres Black Sabbath 1963, The Night of the Devils 1972 et Le Vourdalak 2023Noter que cette nouvelle a une suite ou une préquelle en français également intitulée le Rendez-vous dans trois cents ans.
Nouvelle inédite d’Alexis Tolstoï que je présume écrite en 1852 (« à l’âge de 24 ans ») en français dans le texte.
Traduction posthume en russe de Boleslav Markevich sous le titre Семья вурдалака (Sem'yá vurdaláka), publié dans The Russian Messenger en janvier 1884.
Publié pour la première fois en 1913 dans Le poète Tolstoï par André Lirondelle, réédité en 1950 dans Revue des études slaves, 1950 (p. 14-33).
Retraduit du russe au français par G. Barbizan & B. Escassut en 1946 chez MARECHAL FR,
Retraduction réédité en 2022 chez LINGUA dans une traduction révisée par Patrice Lajoye & Viktoriya Lajoye ;
Retraduit du russe vers le français par Paul Lequesne en juin 1993 pour les éditions L’ÂGE D’HOMME.
Compilé aux éditions SIRIUS FR Frissons 3 en décembre 2011.

De Alexis Tolstoï.

Pour adultes et adolescents.

(épouvante fantastique, presse) Le marquis d'Urfé, jeune diplomate français, se retrouve dans un petit village serbe, dans la maison d'un vieux paysan nommé Gorcha. L'hôte est absent : il a quitté la maison il y a dix jours avec d'autres hommes pour chasser un Turc hors-la-loi, Alibek. En partant, il a dit à ses fils, Georges et Pierre, qu'ils devaient l'attendre dix jours pile et, s'il arrivait une minute plus tard, le tuer en lui enfonçant un pieu dans le cœur car alors ce ne serait plus un homme mais un vourdalak (un vampire).

Le jour où le marquis arrive au village est le dixième jour de l'absence de Gorcha. La famille attend l'heure avec une anxiété croissante et le voilà qui apparaît sur la route à 8 heures du soir…

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La famille du Vourdalak

Fragment inédit des mémoires d’un inconnu.

 

L’année 1815 avait réuni à Vienne tout ce qu’il y avait de plus distingué en fait d’éruditions européennes, d’esprits de société brillants et de hautes capacités diplomatiques. Cependant, le Congrès était terminé.

Les émigrés royalistes se préparaient à rentrer définitivement dans leurs châteaux, les guerriers russes à revoir leurs foyers abandonnés et quelques Polonais mécontents à porter à Cracovie leur amour de la liberté pour l’y abriter sous la triple et douteuse indépendance que leur avaient ménagée le prince de Metternich, le prince de Hardenberg et le comte de Nesselrode.

Semblable à la fin d’un bal animé, la réunion, naguère si bruyante, s’était réduite à un petit nombre de personnes disposées au plaisir, qui, fascinées par les charmes des dames autrichiennes, tardaient à plier bagage et différaient leur départ.

Cette joyeuse société, dont je faisais partie, se rencontrait deux fois par semaine dans le château de Mme la princesse douairière de Schwarzenberg, à quelques milles de la ville, au-delà d’un petit bourg nommé Hitzing. Les grandes manières de la maîtresse du lieu, relevées par sa gracieuse amabilité et la finesse de son esprit, rendaient le séjour de sa résidence extrêmement agréable.

Nos matinées étaient consacrées à la promenade ; nous dînions tous ensemble, soit au château, soit dans les environs, et le soir, assis près d’un bon feu de cheminée, nous nous amusions à causer et à raconter des histoires. Il était sévèrement interdit de parler politique. Tout le monde en avait eu assez, et nos récits étaient empruntés soit aux légendes de nos pays respectifs, soit à nos propres souvenirs.

Un soir, lorsque chacun eut conté quelque chose et que nos esprits se trouvaient dans cet état de tension qu’augmentent ordinairement l’obscurité et le silence, le marquis d’Urfé, vieil émigré que nous aimions tous à cause de sa gaieté toute juvénile et de la manière piquante dont il parlait de ses anciennes bonnes fortunes, profita d’un moment de silence et prit la parole :

– Vos histoires, messieurs, nous dit-il, sont bien étonnantes sans doute, mais il m’est avis qu’il leur manque un point essentiel, je veux dire celui de l’authenticité, car je ne sache pas qu’aucun de vous ait vu de ses propres yeux les choses merveilleuses qu’il vient de narrer, ni qu’il en puisse affirmer la vérité sur sa parole de gentilhomme.

Nous fûmes obligés d’en convenir et le vieillard continua, en se caressant le jabot :

– Quant à moi, messieurs, je ne sais qu’une seule aventure de ce genre, mais elle est à la fois si étrange, si horrible et si vraie, qu’elle suffirait à elle seule pour frapper d’épouvante l’imagination des plus incrédules. J’en ai été malheureusement témoin et acteur en même temps, et quoique, d’ordinaire, je n’aime pas à m’en souvenir, je vous en ferai cette fois volontiers le récit dans le cas que ces dames veuillent bien me le permettre...

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Le texte intégral original français se trouve ici :
https://fr.wikisource.org/wiki/La_Famille_du_Vourdalak

Le texte intégral original français de la suite se trouve ici :
https://bibliotheque-russe-et-slave.com ... %20ans.htm


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Suitable Flesh, le film de 2023Feu orange cinéma

Suitable Flesh (2023)
Traduction du titre anglais : Chair à porter.

Sorti le 27 octobre 2023 aux USA et en Angleterre (cinéma limité et internet).

De Joe Lynch, sur un scénario de Dennis Paoli, d’après la nouvelle The Thing on the Doorstep de H.P. Lovecraft écrit en août 1933 publié en janvier 1937 dans le magazine Weird Tales ; avec Heather Graham, Judah Lewis, Bruce Davison, Johnathon Schaech, Barbara Crampton.

Pour adultes et adolescents.

(horreur Lovecraftienne woke, possession) Une femme déclare en voix off : « J’ai entendu dire qu’il était arrivé assez massacré… » Et un homme lui répond : « eh bien, nous allons bien voir. » Et l’homme ouvre un sac à cadavre à l’intérieur du quel nous nous trouvons.

La doctoresse blonde à lunettes regarde en long le contenu du sac à cadavre et déclare : « C’est impossible de dire que c’est une personne… et encore moins, qui c’est. »

Philosophe, le légiste, un homme gras aux cheveux bruns répond : « Eh bien, vous vouliez voir, vous voyez. » La doctoresse blonde soupire : « Il était beau autrefois. » Le légiste dodeline de la tête : « Oh, ils ont tous plus ou moins la même allure à l’intérieur. »

Le légiste finit d’ouvrir le sac à cadavre et tandis que la blonde va quitter la salle d’autopsie, il déclare : « Vous savez, Docteur, je ne vous envie pas, avoir à travailler avec eux quand ils sont encore en vie… » La blonde retire ses gants de protection et déclare sèchement : « Ce n’était pas l’un des miens. » En souriant, le légiste répond : « Ils finissent tous comme l’un des miens au bout du compte. »

La blonde (Daniella Upton) répond « Mignon. » puis jette ses gants. Comme elle claque la porte de la salle d’autopsie, elle s’arrête un temps, soupire. Le gardien assis au bureau à côté de l’entrée de la salle d’autopsie interpelle la doctoresse : « Docteur Upton, est-ce que j’ai bien entendu que le Docteur Derby est internée ici ? » et la blonde de lui réponde : « j’en ai bien peur. »

Le gardien conseille à la doctoresse : « Soyez prudente ; vous savez ce que mon vieux disait toujours : les amis sont les plus dangereux. » La blonde lui répond : « Et pourquoi ? » et le gardien répond : « Parce qu’ils sont vos amis. »

La doctoresse répond simplement « Ouais… » et tourne les talons pour se diriger vers le département des patients dangereux enfermés en psychiâtrie. Nous sommes par un jour ensoleillé à l’école médicale de Miskatonic, à Arkham dans l’état du Massachusetts.

Suitable Flesh, le film de 2023

Suitable Flesh, le film de 2023

Suitable Flesh, le film de 2023

Suitable Flesh, le film de 2023

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce film.

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