La planète sauvage, le film de 1973Feu vert cinéma

La planète sauvage (1973)
Autre titres : The Fantastic Planet.

Sorti aux USA le 1er décembre 1973.
Sorti en France le 6 décembre 1973.
Sorti en Tchécoslovaquie le 21 décembre 1973.
Sorti en blu-ray français le 4 novembre 2009 (Région B, français non sous-titré) chez Arte Vidéo.
Sorti en blu-ray anglais le 13 février 2012 (Région B, version française et anglaise, deux courts métrages en plus), collection Masters Of Cinema.
Sorti en blu-ray américain Criterion le 21 juin 2016 (Région A, nouveau master 2K restauré, français LPCM mono, les deux courts plus documentaire et interview)

De René Laloux (également scénariste). Avec Eric Baugin, Jean Valmont, Jennifer Drake, Jean Topart, Sylvie Lenoir. D'après le roman de Stefan Wul "Oms en série" et les dessins adaptés du roman par Roland Topor.

Pour adultes et adolescents.
 
Une femme s'enfuit avec son enfant dans les bras au milieu de ronces géantes. Alors qu'elle veut gravir une colline, elle se retrouve face à une main bleue géante, qui la fait tomber trois fois d'une pichenette. Comme elle tente de fuir dans la direction opposée, des rocs et des feuilles acérées géantes tombent autour d'elle, jusqu'à ce que saisie entre le pouce et l'index de la main bleue, elle lâche son bébé. La main la soulève haut, et la lâche, et la chute la tue. Les trois enfants extraterrestres géants qui jouaient dans un vaste jardin sont déçu de ne plus pouvoir jouer avec le petit "Om", mais en voyant Maitre Singh, un adulte extraterrestre, et sa fille Tiwa, arriver, ils s'enfuient prépicitamment. Singh et Tiwa trouvent la femme morte et le bébé qui pleure. Tiwa, trouvant le bébé trop joli, décide d'adopter le petit animal, mais comme l'enfant court partout, elle lui fait poser un collier qui, télécommandé, permet de le traîner dans la direction de son choix. Tiwa trouve le dispositif amusant, et s'amuse à traîner dans toutes les directions, mais son père l'avertit que l'animal est fragile et qu'elle risque de le blesser. Vient le moment de baptiser, et Tiwa veut donner à l'enfant son propre nom, mais son père lui demande de lui donner un nom d'animal, car un nom de Draag ne serait pas approprié. Tiwa décide de nommer son petit Om "Ter".

Puis Singh assiste au conseil d'administration de leurs usines : les machines ne cessent de tomber en panne alors qu'elles fonctionnaient lors de leur retour de l'expédition de Terra, et la conversation vient à se porter sur les Oms qui ont été ramenés de là-bas. Singh rappelle que les Oms ont des facultés d'adaptation élevées, et sont peut-être plus intelligents qu'il n'y parait. Cependant ils vivent beaucoup moins longtemps, mais se reproduisent énormément, ce qui commence à faire d'eux une nuisance. Chez Singh, Tiwa ne se sépare plus de Ter, son animal de compagnie favori. Avec lui, elle joue à la poupée, lui faisant essayer toutes les sortes de chapeaux et de vêtements, tandis que Ter continue de courir partout et de découvrir les choses les plus étranges, comme quatre Draags assis dont le corps se transforment. Et une fois de plus le petit animal de compagnie aura dérangé les adultes. Ter grandit vite : une semaine Draag représente une année pour lui. Après avoir joué à le faire poursuivre d'un nuage miniature lançant des éclairs, Tiwa veut lui apprendre à parler. Et comme elle garde Ter avec elle quand elle utilise son diadème d'instruction, Ter profite accidentellement des mêmes leçons...

La planète sauvage (1973) photo
 
La planète sauvage (1973) photo
 
La planète sauvage (1973) photo
 
La planète sauvage (1973) photo

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce film.

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La conquête de la planète des singes, le film de 1972Feu vert cinéma

Conquest of the Planet of the Apes (1972)
Titre français : La conquête de la planète des singes.
Titre alternatif : Planet Of The Apes IV.

Film précédent <> Film suivant.

Noter que ce film existe en deux versions : version cinéma courte altérée et censurée (1h26), et version longue non censurée (1h27, plus violent et fin différente, blu-ray).

Sorti aux USA le 14 juin 1972
Sorti en France le 9 août 1972.
Sorti en Angleterre en août 1972.

Sorti en blu-ray américain (BR simple et coffret 5BR evolution) le 4 novembre 2008 (région A, format 2:36 original 2:35 non respecté; anglais DTS MA 5.1, français DD 2.0)
Sorti en blu-ray français (coffret 5BR evolution) le 3 décembre 2008 (région A, format 2:36 original 2:35 non respecté; anglais DTS MA 5.1, français DD 2.0)

De J. Lee Thompson, sur un scénario de Paul Dehn, d'après les films précédents et le roman La planète des singes de 1963 de Pierre Boulle, avec Roddy McDowall, Don Murray, Ricardo Montalbán, Natalie Trundy, Hari Rhodes.

Pour adultes et adolescents

(Dystopie, fable, version longue non censurée) Amérique du Nord, 1991. Une grande ville. Menés par des gardes humains armés de matraques, des singes humanoïdes émergent des tunnels têtes basses, en combinaison rouge pour les Gorilles, verte pour les Chimpanzés.

Sur une esplanade, on leur apprend divers tâches élémentaires, dont celle de passer la serpillère. Un hélicoptère survole la vile pour atterrir derrière des grillages.

Un premier passager humain montre sa carte et passe les deux gardes. Un second passager humain, grand barbichu (Armando) descend à son tour de l’hélicoptère, tenant en laisse un chimpanzé humanoïde portant une veste de cuir. Au passage du poste de contrôle, l’un des gardes demande aussitôt, durement : « Avez-vous l’autorisation de l’habiller comme ça, Monsieur ? »

Le barbichu répond : « Oh que oui, Monsieur. » et de tendre un papier. En le lisant, le garde s’étonne : « Un singe de cirque ? — Le seul qui ait été entraîné en tant que cavalier à cru dans toute l’histoire du cirque. »
L’autre garde proteste : « Non, non, non : le cirque c’est de l’histoire ancienne. »

Et le barbichu de répondre en secouant la tête : « Pas tant que je serais en vie et que je respirerais. »

Le premier garde déclare : « Tout est bon, Señor Armando, avancez. — Merci. » répond Armando, et de tirer deux fois sur la chaîne fine qui sert de laisse à chimpanzé humanoïde : « Allez, allez ! » tandis que le chimpanzé humanoïde suit servilement, jetant des regards par en-dessous de tous les côtés tandis qu’ils descendent un escalier de métal peint en blanc dans les profondeurs du bâtiment, sous le regard soupçonneux du second garde.

Arrivé au bas des escaliers et dessous, donc dissimulés à la vue du garde, le chimpanzé humanoïde demande à Armando : « Est-ce que je me suis bien débrouillé ? », et Armando répond en chuchotant « Oui, oui, oui. » Puis : « Mais essaie de marcher un petit peu plus comme un chimpanzé primitif : tes bras devraient bouger en descendant et un montant de tes épaules, comme ça… »

Armando fait alors un mouvement de balancier des épaules, entraînant effectivement ses bras. Le chimpanzé humanoïde l’imite et Armando commente : « Oui, c’est mieux ! » Puis il soupire : « Vingt ans après, tu as pris mes habitudes évoluées : cela pourrait s’avérer dangereux, peut-être même fatal. »

Le chimpanzé humanoïde répond : « Armando, je ne comprends pas ! »

Armando répond, tenant toujours le chimpanzé humanoïde en laisse : « Ecoute-moi bien, César : il ne peut y avoir qu’un seul chimpanzé parlant sur la Terre : l’enfant des deux singes parlants Cornelius et Zira, qui nous sont arrivés des années auparavant, sortis du futur, et qui furent brutalement assassinés de peur qu’un jour lointain, les singes en viendraient à dominer la race humaine. »

César objecte : « Oui, mais à part toi, personne ne sait seulement que j’existe. »

Armando insiste : « Et nous devons faire qu’il en reste ainsi, parce que la peur est toujours là ! Le simple fait de ton existence serait considéré comme une grande menace pour l’Humanité. »
César veut protester mais Armando le fait taire comme une porte du métallique préfabriqué adjacent s’ouvre et deux hommes en noir en sortent.

« Allez, allez » dit Armando en tirant sur la laisse et en entraînant César vers la même porte marquée en rouge « Sortie », sous le regard soupçonneux du dernier homme. Et César de s’appliquer à faire se balancer franchement ses épaules pour entraîner davantage ses bras.

La conquête de la planète des singes, le film de 1972

La conquête de la planète des singes, le film de 1972

La conquête de la planète des singes, le film de 1972

La conquête de la planète des singes, le film de 1972

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce film.

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Population Zéro, le film de 1972 Feu vert cinéma

ZPG - Zero Population Growth (1972)
Traduction du titre original : PCZ - Population Croissance Zéro.
Autres titres : P-Population.

Sorti aux USA le 25 mai 1972.
Sorti en blu-ray américain le 28 mars 2017 (probablement Région A, Kino Lorber).

De Michael Campus ; sur un scénario de Frank De Felitta et de Max Ehrlich ; avec Oliver Reed, Geraldine Chaplin, Don Gordon.

Une cité de béton noyé du brouillard de la pollution, survolée par un œuf aéroportée de la police. Les haut-parleurs réclament toute leur attention aux citoyens rassemblés en contrebas, tous munis d’un appareil respiratoire et de lampes frontales : ils doivent attendre une annonce importante du Président de la Société – l’annonce leur donnera le résultat de la délibération du Conseil Mondial.

Confortablement installé à son bureau au sommet de sa tour, le Président de la Société demande combien de temps il a encore avant le début de la retransmission. On lui répond : six secondes. L’homme en complet veston, cheveux poivre-sel et lunettes d’écailles répète alors plusieurs fois sa première phrase pour entendre comment elle sonne… « Mes camarades citoyens… » Puis la retransmission commence : c’est avec un cœur lourd que le Président annonce les résultats du Conseil ; après avoir délibéré en session continue depuis quatre mois, cherchant sans cesse une solution au problème dévastateur de la surpopulation, qui menace de détruire ce qui reste de leur planète – le Conseil Fédéral Mondial a considéré et rejeté toutes les demi-mesures proposées par les congrès scientifiques variés régionaux.

Le Conseil a également rejeté les propositions concernant l’euthanasie sélective et la stérilisation de masse de la population. Connaissant les sacrifices qu’implique sa décision, le Conseil Mondial est néanmoins parvenu à une décision unanime. Le Président cite : parce qu’il a été approuvé par les nations du monde que la Terre ne peut pas supporter plus longtemps l’augmentation continue de la population, dès ce jour, le premier janvier, l’Amérique se joint à toutes les nations du monde pour publier l’édit suivant : les grossesses sont désormais interdites. Dehors, dans le brouillard, les gens crient leur désapprobation. Pendant ce temps, le Président poursuit : la conception d’un enfant doit devenir le plus grave des crimes, punissable par la mort. Les femmes qui sont actuellement enceintes devront se rendre à l’hôpital pour y être enregistrée. Et le Président d’honnêtement requérir la coopération de la population dans cet ultime effort de survie de l’espèce humaine.

Dans un hôpital, un médecin se penche sur un nourrisson pour vérifier que l’implant électronique est bon – John Graham 77-34-575 annonce l’infirmière à sa collègue, qui entre alors le numéro dans un ordinateur. Puis l’infirmière apporte un autre bébé, cette fois de sexe féminin. Le médecin commente : il faut traiter la petite fille en douceur – ils n’en verront plus comme elle avant les trente prochaines années… Et d’imprimer dans l’os frontal du bébé son numéro d’immatriculation.
Bienvenue au Pays des Bébés , dit la voix de femme douce dans les haut-parleurs de la nurserie : c’est le premier jour de leur vie, et seulement le début du bonheur certain les attends. Les portes sont toujours ouvertes, et ils entreront comme hommes et comme femmes, pour repartir comme une famille.

Une longue file d’attente encombre les escaliers, et le couple de tête reçoit une grande poupée bouclée aux yeux bleus d’un homme barbu réjouis qui leur explique qu’après tout ils ont huit années pour améliorer le premier modèle du temps de l’Édit – à cette époque, ces modèles n’étaient qu’à peine plus que des jouets. Mais ils ont faits d’énormes progrès : ils peuvent être joyeux ou grincheux – ils pleurent de vraies larmes, et ils ont une température corporelle de 37 degrés Celsius – sauf quand ils tombent malades : ils sont conçus pour faire toutes les maladies infantiles. Rien de grave, juste assez pour tenir la maman constamment occupée. La jeune femme répond que la poupée est adorable, mais n’ont-ils pas un modèle plus jeune ? Le vendeur barbu présente ses excuses : ils sont à court de poupons, on ne les fabrique pas assez vite. Et le marché de l’occasion est trop faible : certaines mamans ne supportent pas de voir leur petit grandir…

Derrière le jeune couple, on s’impatiente : un homme lance à la jeune femme de se décider – ils ont attendu toute la journée. La jeune femme se décide : ils prennent la poupée. Le vendeur barbu demande alors s’ils ont un nom pour la « petite fille », parce qu’ils ont besoin d’un nom pour la programmer. La jeune femme répond qu’ils l’appelleront Bonnie, comme sa mère à elle. Aussitôt le vendeur appuie sur quelques touches de sa consoles puis récupère un boitier qu’il enfonce à l’arrière du crâne de la poupée, sous les cheveux blonds bouclés. Pendant ce temps, la voix de femme dans les haut-parleurs annonce que les nouveaux parents ne devront pas oublier de se rendre au Conseil du logement pour mettre leur nom sur la liste d’attente pour un logement plus spacieux, seulement l’un des nombreux avantages qu’apporte chaque enfant du Pays des Bébés…

Le vendeur barbu place ensuite la « petite fille » derrière un petit chariot contenant un chien en peluche et demande à la « jeune maman » de l’appeler. La jeune femme hésite, puis appelle deux fois la poupée par son prénom. Avec un bourdonnement, la poupée se met à pousser le chariot dans la direction de ses « parents ». Un nouveau bourdonnement, et la poupée appelle la jeune femme « Maman ». Puis déclare qu’elle sa maman, et que l’homme est son papa, et quelle est leur Bonnie et qu’elle aime sa maman. Et la jeune femme prend la poupée dans ses bras en répondant qu’elle aime aussi sa Bonnie. Alors une autre jeune femme - Carol - qui était la suivante avec son mari - Russ - dans la file d’attente, supplie alors son mari de la sortir de là – deux fois. Puis le haut-parleur appelle le couple suivant. Russ ne bouge pas, mais Carol fait volte-face et s’enfuit. Russ finit par la suivre, laissant derrière eux la pancarte : « un bébé, c’est à jamais ».

Population Zéro, le film de 1972

Population Zéro, le film de 1972

Population Zéro, le film de 1972

Population Zéro, le film de 1972

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce film.

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Cyborg, le roman de 1972Feu vert livre / BD

Cyborg (1972)

Ici l'article de ce blog sur L'homme qui valait trois milliards, la série télévisée adaptée de ce roman.

Sorti aux USA en avril 1972 chez Arbor House.
Traduit en français au second trimestre 1975 par Dominique Vernon & Jacques-Daniel Vernon pour Denoël, collection Présence du Futur n°186.

De Martin Caidin.

(presse) Steve Austin, astronaute et pilote d'essai, est victime d'un crash catastrophique au cours d'un vol, qui le laisse avec tous ses membres détruits sauf un, aveugle d'un œil et avec d'autres blessures importantes. Au même moment, un service secret du gouvernement américain, l'Office of Strategic Operations (OSO), s'intéresse aux travaux du Dr Rudy Wells sur la bionique - le remplacement de parties du corps humain par des prothèses mécaniques qui (dans le contexte de ce roman) sont plus puissantes que les membres d'origine. Wells est également un bon ami d'Austin, aussi, lorsque le chef de l'OSO, Oscar Goldman, "invite" (ou plutôt, ordonne) Wells à reconstruire Austin avec des membres bioniques, Wells accepte.

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Le texte original de Martin Caidin.

CHAPTER 1

LONELY MOUNTAIN took the first harsh whisper of naked sun. Far beyond the ridges of the San Bernardino, the San Gabriel, and the Shadow Mountains, the peak the Spaniards long ago named Soledad glowed against desert morning sky. Earth's horizon dipped lower to cast Lonely Mountain with increasing brilliance. It was a clear sign of blistering heat to come during the day.

Many miles distant from the stone-hard, baked desert floor of Rogers Dry Lake, the sight of the faraway peak brought eyes flicking to wristwatches. The events of the morning were to be measured as a race against a wickedly hot sun and its enervating temperatures. Not so much the heat itself but its thermals wavering in the desert air could snatch dangerously at stub wings already teetering on precarious balance. The time to get things done in the California desert was early in the morning, and that was now… (…)

Two men wearing bright-orange jump suits and white helmets with fluorescent stripes stepped back from a final inspection of the finned bathtub. One glanced at his watch, then turned to study a long, white trailer bearing the rounded NASA insignia. "About that time," he noted. His companion nodded, saying what they both knew. "Any minute now."

As if on cue a door in the trailer side opened, a man stepped out quickly, turned about, and stood expectantly by the steps, looking back into the trailer. He appeared nervous, as if wishing that whatever was scheduled to happen would do so quickly. Moments later another man appeared in the doorway, moving with greater deliberation, almost shuffling clumsily within the constraints of a white pressure suit, his face obscured by a gold-opaque sun visor. He might have been an astronaut stepping from a trailer at the foot of a launch pad on Cape Kennedy; he wore much the same garment as the men who had voyaged to the moon. He had been one of those men, a member of the last crew to make the voyage between earth and its desolate satellite a quarter of a million miles distant. His name was Steve Austin; he had been a test pilot before his weightless traverse of vacuum and he was now, again, a member of his former profession. No shifting lunar soil awaited this journey, but still, the flight he anticipated to a height of some sixty miles above the floor of the desert held far more danger. The path to the moon had been well established with mathematical certainty before he watched his planet fall away during Apollo XVII. The machine into which he was soon to be sealed lacked such certainty, and in its area of unknowns were dangers unpredictable but predictably lethal. It was a simple rule of thumb. No one had ever been killed on his way to or on his way from the moon. Every year at this sprawling center of test flying in the California desert, every year for the past twenty years, an average of eight good men had been killed.

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Traduction au plus proche

CHAPITRE 1

La Montagne Solitaire reçut le premier filet dur du soleil nu. Bien au-delà des crêtes du San Bernardino, du San Gabriel et des Montagnes de l’Ombre, le pic que les Espagnols ont longtemps appelé Soledad brillait dans le ciel matinal du désert. L'horizon de la Terre roula plus bas pour frapper la Montagne Solitaire d’un éclat toujours plus fort. C'était un signe clair de la chaleur torride à venir dans la journée.

À plusieurs kilomètres du sol dur comme la pierre et cuit du désert du Lac Asséché de Rogers, la vue du pic lointain déporta les yeux clignés sur les montres aux poignets Les événements de la matinée se mesureraient comme une course contre un soleil méchamment chaud et ses températures débilitantes. Ce n'était pas tant la chaleur elle-même que les courants ascendants d’air chaud se propageant depuis la surface du désert qui pouvaient accrocher dangereusement les ailes atrophiées du prototype déjà en équilibre précaire. Le moment pour agir dans le désert californien, c’était tôt le matin et c’était maintenant... (…)

Deux hommes portant des combinaisons orange vif et des casques blancs à bandes fluorescentes reculèrent d’un pas après l'inspection finale de la torpille à ailettes. L'un d'eux jeta un coup d'œil plissé à sa montre, puis se retourna pour scruter une longue remorque blanche aux couleurs de la NASA. « Bientôt l’heure, il remarqua. Son camarade hocha la tête, disant ce qu'ils savaient tous les deux. « D'une minute à l'autre. »

Comme à un signal, une porte s’ouvrit sur le côté de la remorque, un homme en descendit vivement, se retourna et resta debout devant les marches, regardant en arrière dans la remorque. Il semblait nerveux, comme s'il souhaitait que ce qui devait arriver arrive vite. Quelques instants plus tard, un autre homme apparaissait dans l'embrasure, se déplaçant avec plus de circonspection, traînant presque maladroitement engoncé dans une combinaison pressurisée blanche, le visage masqué par une visière pare-soleil opaque dorée. Il aurait pu être un astronaute descendant d'une remorque au pied d'une rampe de lancement à Cape Kennedy ; il portait à peu près le même vêtement que les hommes qui avaient voyagé jusqu’à la lune. Il avait été l'un de ces hommes, un membre du dernier équipage à faire le voyage entre la terre et son satellite désolé, distant d'un quart de million de kilomètres. Il s'appelait Steve Austin ; il avait été pilote d'essai avant sa traversée du vide en apesanteur et il était maintenant, à nouveau, membre de son ancienne profession. Aucun sol lunaire mouvant ne l'attendait pour ce voyage, mais le vol qu'il prévoyait jusqu'à une altitude d’une centaine de kilomètres au-dessus du sol du désert comportait bien plus de dangers. Le chemin vers la Lune avait été établi avec une certitude mathématique avant qu'il ne contemple sa planète disparaître au cours de la mission Apollo XVII. La machine dans laquelle il serait bientôt encapsulé manquait de ce genre de certitude, et dans sa zone d'inconnues se trouvaient des dangers imprévisibles mais prévisiblement mortels. C'était une simple règle d'or. Personne n'avait jamais été tué en allant sur la lune ou en en revenant. Chaque année, dans ce centre tentaculaire de vols d'essai du désert californien, chaque année au cours des vingt dernières passées, huit hommes de valeur en moyenne avaient été tués.

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Cyborg, le roman de 1972

La traduction française de 1975 de Dominique et Jean-Daniel Vernon pour Denoël

Chapitre premier

Les premiers rayons du soleil ardent frappèrent Lonely Mountain. Au-delà des sommets de San Bernardino, des San Gabriel et des monts Shadow, le pic des Spaniards — jadis appelé Soledad — s’embrasa et se détacha sur le ciel matinal. L’horizon terrestre semblait basculer pour baigner Lonely Mountain d’une lumière de plus en plus vive. Signe certain d’une chaleur torride au cours de la journée.

A bonne distance du sol aride et désertique de Rogers Dry Lake, la vue du pic lointain amena des hommes à consulter leurs montres en clignant des yeux. Le programme de la matinée allait être une course contre un soleil affreusement brûlant et contre les effets affaiblissants de sa température. Non pas tant contre la chaleur elle-même que contre les courants ascendants d’air chaud montant du sert qui pouvaient dangereusement frapper les ailes tronquées déjà en équilibre précaire. Dans le désert californien il fallait tout faire tôt le matin — c’est-à-dire maintenant. (…)

Deux hommes en combinaison d’un orange éclatant coiffés de casques blancs avec des bandes phosphorescentes se reculèrent après avoir une dernière fois inspecté la baignoire à ailerons. L’un consulta sa montre puis se retourna pour regarder une longue caravane blanche à l’insigne de la NASA.

— C’est à peu près l’heure, remarqua-t-il.
Son compagnon acquiesça et dit ce qu’ils savaient tous deux :
— Question de minutes, maintenant.

Comme pour leur répondre, une porte s’ouvrit au flanc de la caravane. Un homme sortit rapidement, se retourna et attendit près des marches, tourné vers l’intérieur de la caravane. Il semblait nerveux et paraissait souhaiter que le programme, quel qu’il soit, commence rapidement ; Quelques instants plus tard, quelqu’un d’autre apparut dans l’encadrement de la porte, se déplaçant avec précaution, gêné par une combinaison pressurisée blanche, le visage obscurci par une visière pare-soleil jaune opaque. On aurait dit un astronaute sortant d’une caravane au pied d’une aire de lancement de Cap Kennedy. Son costume ressemblait beaucoup à celui des hommes qui étaient allés sur la Lune. Il en avait d’ailleurs fait partie et aviat été membre du dernier équipage à effectuer le voyage de la Terre à son satellite désolé, à quelque 400.000 kilomètres de distance. Il s’appelait Steve Austin. Pilote d’essai avant sa traversée de l’espace en apesanteur, il avait maintenant repris son ancienne profession. Cette fois, nul sol lunaire mouvant ne l’attendait, mais le vol qu’il allait accomplir à une altitude de quelque 96 kilomètres au-dessus du désert recelait bien plus de dangers. Le voyage vers la Lune était déjà connu avec une certitude mathématique avant même qu’il ne voie disparaître la Terre au cours du vol Apollo XVII. La machin dans laquelle il allait se trouver hermétiquement enfermé n’offrait pas une telle sécurité, et l’inconnu renfermait des dangers imprévisibles — mais prévisiblement mortels. C’était une simple règle expérimentale. Personne n’avait jamais été tué en allant sur la Lune ou en en revenant. Et dans ce grand centre d’essai en vol du désert californien, une moyenne de huit hommes par an perdaient la vie depuis vingt ans.

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