Les aventuriers de l'Arche perdue (1981) posterFeu vert cinéma

Raiders of the Lost Ark (1981)
Traduction du titre original : Les mercenaires de l'Arche perdue.

Ici l'article de ce blog sur le film suivant : Indiana Jones et le Temple maudit (1984)

Sorti aux USA le 12 juin 1981.
Sorti en France le 16 septembre 1981.
Ressortie aux USA le 7 septembre 2012 (IMAX).
Sortie en blu-ray US le 18 septembre 2012 (coffret Complete Adventures multi-régions).
Sortie en blu-ray US le 17 décembre 2013 (multi-régions).

De Steven Spielberg. Avec Harrison Ford, Karen Allen, Paul Freeman, John Rhys-Davies.
Notamment inspiré par les Aventures de Tintin de Hergé et Les Aventures de Blake & Mortimer d'E.P. Jacobs

1936. Professeur d'archéologie à l'université de Marshall, le Docteur Jones, dit "Indiana Jones" est également un homme de terrain. Encore trop naïf, il se fait régulièrement voler ses découvertes par un archéologue français rival, le professeur Belloq, qui revend ensuite ses découvertes au plus offrant au marché noir. De retour aux USA, Jones est contacté par deux agents du renseignements qui lui apprennent que Hitler fait rechercher l'un de ses mentors, le professeur Abner Ravenwood, un expert en ce qui concerne l'ancienne cité de Tanis, une ville d'Egypte engloutie par les sables.

Ravenwood aurait en sa possession un indice crucial pour retrouver la mythique Arche d'Alliance du Temple de Salomon, que Hitler souhaite ajouter à sa collection d'objets occultes, croyant par là obtenir un pouvoir surnaturel qui l'encouragerait dans ses ambitions totalitaires. Jones est alors chargé de s'envoler pour le Népal et d'empêcher que les Nazis obtiennent ce qu'ils recherchent.

Les aventuriers de l'Arche perdue (1981)

Les aventuriers de l'Arche perdue (1981)

Les aventuriers de l'Arche perdue (1981) photo

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Le choc des titans, le film de 1981Feu vert cinéma

Clash Of The Titans (1981)

Sorti aux USA le 12 juin 1981.
Sorti en Angleterre le 2 juillet 1981.
Sorti en France le 8 juillet 1981.
Sorti en blu-ray américain sorti le 2 mars 2010 (multi-régions, image médiocre à bonne, flou, parfois bruité, détails fins atteignant jusqu'aux cheveux fins dans quelques plans, son anglais HD MA 5.1 faiblard avec bruit de fond, français DD mono)
Sorti en blu-ray français sorti le 7 avril 2010 (région B, identique au blu-ray américain ?)

Ici l'article sur le blu-ray belge de 2010 du Choc des Titans (1981)

De Desmond Davis ; sur un scénario de Beverley Cross, d'après les légendes gréco-romaines ; avec Harry Hamlin, Judi Bowker, Laurence Olivier, Claire Bloom, Maggie Smith, Ursula Andress, Jack Gwillim, Susan Fleetwood, Siân Phillips, Pat Roach, Burgess Meredith, Tim Pigott-Smith, Neil McCarthy, Donald Houston, Vida Taylor.

Pour adultes et adolescents.

Une petite colonne de soldats porte un grand coffre jusqu’à la mer agitée. Arrivé sur la plage, le roi Acrisius, qui mène les soldats, prend le dieu Zeus à témoin : il condamne sa fille Danae (« Danaï ») et son fils Perseus à la mer. Selon le roi, la culpabilité et le pêché de Danae ont apporté la honte au royaume d’Argos. Acrisius entend ainsi purger le crime et restaurer son honneur, et clame que le sang de Danae et de Perseus ne sera pas sur ses mains. Dégainant son épée, il ordonne alors à ses soldats de jeter la jeune femme et son bébé dans le coffre, sur lequel on verrouille un couvercle. Puis le coffre – qui flotte parfaitement – est jeté à la mer, balloté par les vagues. Voyant le coffre s’éloigner, le roi ôte son casque, puis fait demi tour suivi de sa petite troupe de soldat, tandis que la mouette, qui planait au-dessus de la scène, s’envole à tire d’aile à travers les montagnes, jusqu’à la plus haute…

Arrivé à un palais au-dessus des nuages, la mouette se métamorphose en un vieil homme en toge, qui va s’incliner et faire son rapport à un autre vieillard en toge au front cerclé d’or assis sur un trone de marbre blanc – Zeus. Ce dernier murmure alors que le roi Acrisius sera puni pour son crime cruel, brutal, et son blasphème : comment le tyran peut-il oser prier Zeus pour obtenir le pardon de sa jalousie sauvage, sa lâche revanche ? Mais Héra, l’épouse de Zeus proteste : Acrisius s’était toujours montré dévoué aux Dieux de l’Olympe par le passé, a construit nombre de temples magnifiques pour honorer Zeus. Mais Zeus répond que des centaines de bonnes action ne sauraient racheter un seul meurtre – des milliers de temples qui lui serait dédidé à lui où son épouse Héra, ou à Thétis, la déesse de la Mer, ou à Athéna, la sagesse et le soin personnifiés, ou à Aphrodite, la déesse de l’Amour : rien ne peut effacer ou faire pardonner cet unique acte sanglant.

Héra réplique, glaciale : en quoi le meurtre d’une femme et de son enfant peut-il avoir tant d’importance ? Zeus est furieux et insiste sur le fait que le roi a voulu tuer sa propre fille, et ne veut plus rien entendre des arguments de Héra, car il a pris sa décision : Acrisius sera puni et son peuple avec lui. Zeus commande alors à Poséidon de soulever la mer et de détruire Argos, en s’assurant qu’aucune créature qui puisse se tenir debout ou ramper ne survive : que Poséidon relâche le dernier des Titans, le Kraken. Mais Zeus insiste auprès de Poséidon pour qu’aucun mal ne soit fait à Danae et son fils, qu’ils s’échouent sur un rivage sûr et paisible. Zeus quitte ensuite la salle du trône.

Alors Héra s’interroge : aucune pitié, aucune miséricorde de la part de Zeus envers Argos. Pourquoi ? Thétos répond : Zeus aimait Danae, si belle que son père, jaloux, la tenait éloigné des yeux des hommes, derrière des portes de fer. Et Aphrodite de compléter que Zeus s’est alors transformé en pluie d’or pour visiter Danae et l’aimer : Perseus est le fils de Zeus, voilà pourquoi Zeus le fait sauver et pourquoi Argos est condamnée.

Le roi Acrisius est rentrée en Argos. En Olympe, Zeus ramasse une figurine de terre glaise représentant le roi, et l’écrase dans sa main. Un vent surnaturel se lève, et le Kraken sort de la mer, soulevant une vague gigantesque, qui défonce les murailles, déferle dans les rues, balaye les habitants, jette à bas les statues et éventre temples et maisons. Poseïdon rappelle alors le Kraken et l’enferme de nouveau dans sa maison. Dans la paume de Zeus, les débris de la figurine partent en poussières, emportés par le vent, tandis que le roi Acrisius git brisé au milieu des ruines.

Le choc des titans, le film de 1981

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Outland... loin de la Terre, le film de 1981Feu vert cinéma

Outland (1981)

Sorti aux USA le 22 mai 1981.
Sorti en Angleterre le 27 août 1981.
Sorti en France le 2 septembre 1981.
Sorti en blu-ray américain le 10 juillet 2012 (multi-régions, version et sous-titres français inclus).
Sorti en blu-ray français le 17 octobre 2012 (identique au blu-ray américain).

Ici l'article de ce blog sur le blu-ray américain de 2012.

De Peter Hyams (également scénariste). Avec Sean Connery, Frances Sternhagen, Peter Boyle, James Sikking, Steven Berkoff, John Ratzenberger, Manning Redwood, Hal Galili, Angus MacInnes, Stuart Milligan, Eugene Lipinski.

Pour adultes et adolescents.

Sur Io, la troisième lune de Jupiter, seulement déservie par une navette par semaine, et dont la gravité à la surface n’excède pas un sixième de celle de la Terre, la CON-AMALGAMTE de la ligue des nations industrialisés a installé sa 57ème base minière, avec 2144 membres du personnels, dont 1250 manœuvres, 714 dédiés à l’accompagnement et 180 dédiés à l’administration et à la maintenance. La durée du service y est d’un an, et l’ordre est assurée par un marshall. La principale ressource exploitée y est le titane.

Alors qu’une équipe de mineur descend par ascenseur dans les profondeurs du gisement, puis chemine en combinaison spatiale le long des passerelles illuminées. Sur place, les mineurs discutent de leurs mauvaises conditions de travail : les machines qui n’arrivent pas, le sous-effectif malgré le contrat signé, les combinaisons surchauffées qu’il faut trafiquer… Soudain un mineur se relève et se met à hurler que des araignées sont sur lui, et supplie que l’on les lui enlève. Ses collègues pensent à une blague, car aucune araignée ne peut survivre en l’absence d’atmosphère. Ils ne réagissent que lorsque leur collègue arrache les tuyaux d’oxygène de sa combinaison, alors la dépressurisation fait exploser le corps du mineur.

O’Niel, le nouveau marshall de la base minière depuis seulement deux semaines, s’apprête à commencer sa journée. Pendant que son fils se plaint de son appareil dentaire, il lit les messages de ses officiers, rendant compte des incidents de la nuit. Si Lowell le responsable de la surveillance n’a rien à dire, Montone qui s’occupe de la mine minimise ce qui est arrivé au mineur. Il annonce que le corps sera rapatrié sans autopsie par la navette, ordre de la compagnie, la mort étant la faute à pas de chance, un cas de folie subite. Il mentionne que les billets pour l’épouse du marshall sont arrivés, et quand X demande de quoi il s’agit, son épouse explique qu’elle les a pris pour l’épicier. Avant de partir, X s’excuse de sa piètre assignation, et affirme qu’il est certain qu’elle s’y fera, après un temps d’adaptation. Après un temps d’hésitation, son épouse l’embrasse en lui disant qu’elle l’aime.

La matinée vient à peine de commencer, et parmi les mineurs, de la drogue passe, au moment même où X fait son discours aux cadres de la compagnie, leur assurant qu’il méritera leur confiance. Personne ne réagit, excepté une femme de la comptabilité qui finit par se lever pour réitérer les vœux de bienvenue et proposer d’aider Mme O’Niel dans ses démarches sur la base. Puis Sheppard, le responsable de la compagnie intervient, déclarant que comme dans toutes les bases minières, il ne se passait jamais rien ; insistant sur les efforts de productivité et la nécessité pour le Marshall de laisser de l’air à tout le monde. O’Niel est choqué : après la réunion, il demande à son second, Montone, ce que le responsable de la compagnie voulait dire exactement, et Montone dit seulement qu’avec le précédent Marshall, tout roulait sur l’huile.

Et juste après, un mineur décide de prendre l’ascenseur sous la mine sans combinaison pressurisé. Les autres mineurs qui attendaient en bas découvrent son corps éviscéré par la dépressurisation.

Outland... loin de la Terre (1981) photo

Outland... loin de la Terre (1981) photo

Outland... loin de la Terre (1981) photo

Outland... loin de la Terre (1981) photo

Outland... loin de la Terre (1981) photo

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Omni, le magazine de Science-fiction, le numéro de mai 1981Feu vert livre / BD

Johnny Mnemonic (1981)

Sorti en mai 1981 aux USA dans le magazine Omni.
Recueilli en avril 1986 dans Burning Chrome chez Arbor House
Traduit en français en septembre 1987 par Jean Bonnefoy dans Gravé sur chrome, aux éditions La Découverte, collection Fictions.
Réédité en poche en décembre 1990 chez J’ai Lu,
Réédité en grand format broché le 28 mars 2006 chez J’ai Lu.
Adapté en film, film adapté en roman par Terry Bisson en 1995.

De William Gibson.

(presse) Johnny est un courrier de données spécialisé dans le transport de données sensibles. Ces données sont directement imprimées dans son cerveau et cryptées de manière à ce que seul le client puisse les récupérer. Johnny a donné rendez-vous à son dernier client, Ralfi Face, au bar du Drome. Ralfi est en retard pour récupérer les centaines de mégaoctets de données qu'il a stockées dans la tête de Johnny. Seulement Ralfi a l'intention de ne pas payer, seulement décapiter Johnny et récupérer les données d'une manière non contractuelle.

Les nouvelles puis les romans de William Gibson sont toujours des réussites, mais vise à évoquer un futur désormais très proche de notre présent. Gibson est présenté comme le pape du cyberpunk, tandis que Philip K. Dick en serait le précurseur, le cyberpunk étant une littérature censée nous éblouir par ses mirages virtuels, ses super-pouvoirs obtenus par l'augmentation technologique du corps de ses héros. Les héros de Gibson peuvent être des mercenaires comme une simple fan-girl envoyée à Tokyo par son -. Les méchants sont les super-riches et leurs pions, des exécuteurs brutaux et sadiques, des savants avides, des cadres sans scrupules tels que vous pouvez en voir dans Total Recall ou Robocop de Paul Verhoeven. Une des difficultés à la lecture des récits de Gibson, outre le fait que les traductions des années 1980 peuvent facilement passer à côté du mot aujourd'hui courant comme clé (USB), c'est de correctement visualiser le récit, les personnages, les décors. Et là encore, c'est le réalisateur Ridley Scott qui en adaptant Philip K. Dick dans Blade Runner, a donné une identité graphique au cyberpunk. Johnny Mnemonic a été adapté en film sans les moyens technologiques ni le budget pour atteindre les sommets de Blade-Runner, Total Recall ou Robocop, sans oublier que le scénario de la nouvelle est trop court. Il aurait mieux valu entrelacer fusionner les nouvelles Gravé sur Chrome avec le budget nécessaire et une vision digne de ce nom. Sseule votre imagination à vous, lecteur, y parviendrait aujourd'hui.

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ImageFeu vert livre / BD

Le texte original de William Gibson (mai 1981)

JOHNNY MNEMONIC

I put the shotgun in an Adidas bag and padded it out with four pairs of tennis socks, not my style at all, but that was what I was aiming for: If they think you're crude, go technical; if they think you're technical, go crude. I'm a very technical boy. So I decided to get as crude as possible. These days, thought, you have to be pretty technical before you can even aspire to crudeness. I'd had to turn both those twelve-gauge shells from brass stock, on the lathe, and then load then myself; I'd had to dig up an old microfiche with instructions for hand-loading cartridges; I'd had to build a lever-action press to seat the primers-all very tricky. But I knew they'd work.

The meet was set for the Drome at 2300, but I rode the tube three stops past the closest platform and walked back. Immaculate procedure.

I checked myself out in the chrome siding of a coffee kiosk, your basic sharp-faced Caucasoid with a ruff of stiff, dark hair. The girls at Under the Knife were big on Sony Mao, and it was getting harder to keep them from adding the chic suggestion of epicanthic folds. It probably wouldn't fool Ralfi Face, but it might get me next to his table.

The Drome is a single narrow space with a bar down one side and tables along the other, thick with pimps and handlers and a arcane array of dealers. The Magnetic Dog Sisters were on the door that night, and I didn't relish trying to get out past them if things didn't work out.

They were two meters tall and thin as greyhounds. One was black and the other white, but aside from that they were as nearly identical as cosmetic surgery could make them. They'd been lovers for years and were bad news in the tussle. I was never quite sure which one had originally been male.

Ralfi was sitting at his usual table. Owing me a lot of money. I had hundreds of megabytes stashed in my head on an idiot/savant basis information I had no conscious access to. Ralfi had left it there. He hadn't, however, came back for it. Only Ralfi could retrieve the data, with a code phrase of his own invention. I'm not cheap to begin with, but my overtime on storage is astronomical. And Ralfi had been very scarce.

Then I'd heard that Ralfi Face wanted to put out a contract on me. So I'd arranged to meet him in the Drome, but I'd arranged it as Edward Bax, clandestine importer, late of Rio and Peking.

The Drome stank of biz, a metallic tang of nervous tension. Muscle-boys scattered through the crowd were flexing stock parts at one another and trying on this, cold grins, some of them so lost under superstructures of muscle graft that their outlines weren't really human.

Pardon me. Pardon me, friends. Just Eddie Bax here, Fast Eddie the Importer, with his professionally nondescript gym bag, and please ignore this slit, just wide enough to admit his right hand.

Ralfi wasn't alone. Eighty kilos of blond California beef perched alerty in the chair next to his, martial arts written all over him. Fast Eddie Bax was in the chair opposite them before the beef's hands were off the table. 'You black belt?' I asked eagerly. He nodded, blue eyes running an automatic scanning pattern between my eyes and my hands. 'Me too,' I said. 'Got mine here in the bag.' And I shoved my hand through the slit and thumbed the safety off. Click. 'Double twelve-gauge with the triggers wired together.'

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La traduction au plus proche

JOHNNY MNEMONIC

J'ai mis le fusil dans un sac Adidas et je l'ai calé avec quatre paires de chaussettes de tennis, ce n'est pas du tout mon style, mais c'était ce que je visais : S'ils pensent que vous êtes gros nul, jouez-la technique ; s'ils pensent que vous êtes technique, jouez-là gros nul. Je suis un garçon très technique. J'ai donc décidé d'être aussi nul que possible. De nos jours, je pense qu'il faut être assez technique avant de pouvoir aspirer à la nullité. J'avais dû tourner ces deux obus de calibre douze à partir de laiton, sur le tour, puis les charger moi-même ; j'avais dû déterrer une vieille microfiche avec des instructions pour charger les cartouches à la main ; j'avais dû construire une presse à levier pour placer les amorces — tout cela était très délicat. Mais je savais qu'elles fonctionneraient.

Le rendez-vous était fixé au Drome à 2300, mais je suis descendu du métro trois arrêts après la station la plus proche et je suis revenu à pied. Procédure impeccable.

J’ai vérifié ma mise du côté chromé d'un kiosque à café, l’eurasien typique au visage pointu, avec une touffe de cheveux noirs et raides. Les filles de Sous-le-Couteau aimaient beaucoup Sony Mao, et il était de plus en plus difficile de les empêcher de céder à la tentation chic de vous faire les yeux bridés. Ça ne tromperait probablement pas Ralfi Face, mais ça pourrait me placer à côté de sa table.

Le Drome est un espace unique et étroit, avec le bar d'un côté et les tables le long de l'autre, rempli de souteneurs, d'intermédiaires et d'une galerie de dealers. Les Sœurs Chiennes Magnétiques gardaient à la porte ce soir-là, et si les choses devaient mal tourner, l’idée d’avoir à les affronter pour sortir ne me réjouissait pas.

Elles faisaient deux mètres de haut et étaient minces comme des lévriers. L'une était noire et l'autre blanche, mais à part ça, elles étaient aussi identiques que la chirurgie esthétique pouvait les rendre. Elles étaient amantes depuis des années et elles étaient réputer vous massacrer dans une bagarre. Je n'ai jamais su exactement laquelle des deux était le mâle à l'origine.

Ralfi était assis à sa table habituelle. Il me devait beaucoup d'argent. J'avais des centaines de mégaoctets stockés dans ma tête façon idiot/savant, des informations auxquelles je n'avais pas accès consciemment. Ralfi les avait laissés là. Mais il n'était pas revenu les chercher. Seul Ralfi pouvait récupérer les données, avec une phrase de code de sa propre invention. Je ne suis pas bon marché pour commencer, mais mes heures supplémentaires sur le stockage sont astronomiques. Et Ralfi s'était fait très rare.

Puis j'avais entendu dire que Ralfi Face voulait mettre un contrat sur moi. Je lui ai donc donné rendez-vous dans la Drome, mais en tant qu'Edward Bax, importateur clandestin, anciennement basé à Rio et Pékin.

Le Drome puait le biz, un goût métallique de tension nerveuse. Les Gros-durs éparpillés dans la foule se montraient leurs muscles les uns aux autres et testaient là-dessus des sourires froids, certains d'entre eux tellement perdus sous des superstructures de greffe musculaire que leurs contours n'étaient plus vraiment humains.

Pardon. Pardon les amis. C’est Juste moi, Eddie Bax, Eddie Rapido, l'importateur, avec son sac de sport quelconque du boulot, et s'il vous plaît ignorez cette entaille, juste assez grande pour laisser passer sa main droite.

Ralfi n'était pas seul. Quatre-vingt kilos de bœuf californien blond étaient perchés sur la chaise à côté de la sienne, comme si on avait écrit partout sur lui « Champion d’arts martiaux ». Eddie Rapido Bax se retrouva sur la chaise en face d'eux avant que les mains du bœuf ne quittent la table. « T’es ceinture noire ? » je demandai avec impatience. Il hocha la tête, ses yeux bleus faisant un balayage automatique entre mes yeux et mes mains. « Moi aussi, j’ai ajouté. J'ai la mienne dans le sac. » Je glissai ma main dans l’entaille et j’enlevai la sécurité avec le pouce. Clic. « "Double calibre douze avec détentes connectées. »

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Gravé sur Chrome, le recueil de nouvelles de 1986Gravé sur Chrome, le recueil de nouvelles de 1986

La traduction de Jean Bonnefoy de 1987 ( La découverte / J’ai Lu)

JOHNNY MNEMONIC

Je glissais le fusil dans le sac Adidas, planqué sous quatre paires de chaussettes pour caler, pas du tout mon style, mais c’était le but visé : si on vous croit primaire, faites dans le technique ; si on vous croit technique, donnez dans le primaire. Moi, je suis du genre hyper-technique, alors j’avais décidé d’être le plus primaire possible. Quoique de nos jours, il faille être sacrément technicien, ne fût-ce que pour aspirer simplement à jouer les primaires. J’avais dû tourner moi-même dans un jet de laiton les douilles de 12 et les charger moi-même ; et pour se faire, aller dénicher une vieille microfiche sur la manière de remplir à la main les cartouches ; j’avais dû me bricoler une presse à balancier pour remplir les amorce — délicat, tout ça. Mais j’étais sûr que ça marcherait.

Le rendez-vous était fixé à 23. 00 au Drome, mais je descendis trois arrêts après la station la plus proche pour revenir sur mes pas à pied. Impeccable, la méthode.

Je me mirai dans la paroi latérale d’une machine à café : visage classique de Blanc, taillé à la serpe, avec une touffe de cheveux raides et noirs. A Sous-le-Scalpel, les filles ne juraient plus que par Sony Mao et ça devenait de plus en plus dur de les empêcher de vous brider pour un rien les yeux, pour faire plus chic. Ça ne tromperait sans doute pas Ralfi Face, mais ça me permettrait peut-être au moins d’approcher de sa table.

Le Drome est une salle unique, étroite — le bar d’un côté et les tables de l’autre —, bourrée de macs, d’arnaqueurs et de tout un assortiment de dealers. C’était les Sœurs Chiennes Magnétiques qui officiaient comme videuses ce soir-là, et j’appréciais modérément la perspective de devoir leur filer entre les doigts si jamais ça tournait mal. Elles faisaient deux mètres de haut et étaient élancées comme des lévriers. L’une était noire, l’autre blanche, mais à part ça, elles étaient aussi semblables que peut le permettre la chirurgie esthétique. Elles étaient amantes depuis des années et dans une bagarre, ce n’était pas la joie. Je n’ai jamais bien su laquelle des deux avait été le mâle, à l’origine.
Ralfi était installé à sa table habituelle. Il me devait un sacré paquet de fric. J’avais des centaines de méga-octets planqués dans la tête selon la technique idiot/savant, des informations auxquelles je n’avais consciemment aucun accès. Ralfi les avait laissées. Il n’était pas non plus revenu les chercher. Lui seul pouvait récupérer les données, à l’aide d’une phrase-code de son propre cru. En temps de stockage, je ne suis déjà pas bon marché mais, en cas de dépassement, mes tarifs deviennent franchement astronomiques. Et Ralfi avait eu tendance à se faire oublier.

… Et puis voilà que j’avais appris que Ralfi avait commandité un tueur pour m’éliminer. D’où mon idée d’organiser cette rencontre au Drome avec lui. Sauf qu’en l’occurrence, j’étais un certain Edward Bax, importateur clandestin, officiant naguère Rio et Pékin.

Le Drome puait le trafic : arrière-goût métallique de tension nerveuse. Des malabars éparpillés dans la foule jouaient des biceps en échangeant de minces sourires glacés et certains étaient noyés sous de telles masses de muscles greffés qu’ils n’avaient presque plus figure humaine.

Pardon. Pardon les gars. Moi, je ne suis qu’Eddie Bax, Fast Eddie, le roi de l’Import, avec son sac de sport tout bête, et non, ne faites pas attention à cette fente, tout juste assez large pour y glisser la main droite.
Ralfi n’était pas seul. Quatre-vingt kilos de bœuf californien blonds était juchés avec aisance sur la chaise voisine, un vrai catalogue d’arts martiaux.

Fast Eddie Bax s’était installé dans la chaise en face avant que l’autre bovidé ait levé les mains de la table. « Z’êtes ceinture noire ? », m’enquis-je avec curiosité. Il acquiesça, trajet machinal des yeux bleus, de mes yeux à mes mains, pour me scruter. « Moi aussi, répondis-je. J’l’ai même dans mon sac. » Et glissant la main par la fente, je relevai le cran de sûreté. Clic. « Calibre douze à double canon avec détentes couplées. »

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